Pendant quelques années, j’ai eu une voisine bien spéciale dont la principale activité consistait à sortir ses deux chiens plusieurs fois par jour. Comme une mère autoritaire, elle leur lançait constamment des ordres: «Sois gentil! Tais-toi! Si tu ne cesses pas, je vais…» Je vous épargne la suite. Dans sa voix forte, on devinait toutefois tout l’amour qu’elle leur portait. Puis l’un d’eux est tombé malade. Pauvre chien, il était atteint de leucémie. Comme un vieillard, il peinait à mettre une patte devant l’autre. Il faisait pitié à voir. Incapable de se résigner à s’en séparer, ma voisine l’a soumis à une longue série de traitements de toute évidence vains et coûteux. Elle m’a avoué avoir dû encaisser de précieux REER pour pouvoir lui offrir ces soins. Je n’en revenais pas! Cette femme au train de vie modeste n’hésitait pas à gruger dans ses maigres économies pour soigner son chien. Cela n’a rien changé à la suite des choses, et la pauvre bête n’a pas échappé à son sort. Pendant un temps, j’ai été témoin encore des sorties quotidiennes de ma voisine, puis elle a déménagé. Les dernières fois que je l’ai vue, elle se promenait dans le parc, accompagnée de son autre petit compagnon à poils. Elle était plus calme, et sa voix n’était plus la même. En fait, elle avait l’air de quelqu’un… en deuil.
Vous doutez que ce soit possible? Ne manquez pas de lire le témoignage de la journaliste Denise Sirois « Mort d’un animal de compagnie: un deuil (pas) comme les autres ». Elle y partage avec nous le lien qui l’a unie à Bambou, une petite chatte d’Espagne. L’histoire d’une affection toute particulière qui nous confirme la place que ces petits êtres à quatre pattes peuvent prendre dans notre cœur et dans notre vie…
Cette dame qui aimait tant ses chiens c’aurait pu être moi. Elle pouvait sembler, aux yeux de personnes non avisées, être un peu bizarre ou égocentrique.
Bien au-délà de tout cela, le fait de posséder des animaux et de s’y dédier adéquatement dénote un grand sens de la générosité envers ces êtres de passage si peu de temps parmi nous pour autant que ces propriétaires d’animaux n’oublient pas qu’il y a toujours des êtres humains et que leurs animaux présentent un équilibre certain.
En somme, il n’y a pas de mal à se faire du bien et libre à chacun d’investir sa fortune où bon lui semble.
Commentaire par H Marquis — 13 avril 2010 @ 14:19
Nous sommes tous en deuil depuis le 11 avril. Nous avions fini de travailler dans le jardin et sommes rentrés. Après quelques minutes, je me suis aperçue que Bizou n’était pas avec nous. Il avait 14 ans, était 90% aveugle, sourd et me suivait comme mon ombre… Nous avons débuté une recherche dans le voisinnage. Après une quinzaine de minutes, un de mes voisins me dit qu’il a vu notre chien couché en arrière chez son voisin, le cou tordu dans une trappe pour animaux sauvages. Mon Dieu, quel choc ! Je suis encore toute retournée, j’ai beaucoup de difficulté à comprendre pourquoi la société protège des individus de la sorte… Oui, c’est légal, même en ville… à condition que l’animal meurt instantanément. Monsieur voulait se débarasser d’une moufette et ça ne l’a pas affecté dutout… Sa seule réponse : “Y’avait pas d’affaire sur mon terrain !” Sans coeur ! S’il avait pris la peine de s’informer, il aurait vu qu’il existe d’autres moyens moins cruels de se débarasser d’un indésirable. Y avez-vous pensé, si ça avait été un enfant qui se serait pris la main ou le pied dans le piège ? J’ose espérer que sa réaction aurait été toute autre…
Commentaire par Francine — 20 avril 2010 @ 11:47