Billet de Sylvie Poirier, rédactrice en chef de
Vita
Publié dans le numéro d’été 2010
Dès l’instant où nous avons décidé de réfléchir sur le thème de la beauté et d’en présenter les états généraux dans le numéro d’été, il a fallu s’interroger sur la pertinence d’un tel exercice.
Pourquoi traiter d’un sujet à première vue frivole et superficiel? Qu’y avait-il tant à dire sur la beauté sinon qu’elle fait naître en nous des sentiments ambivalents? Que la relation qui nous unit en est souvent une d’amour-haine?
Qu’en adoptant les modes et les courants du moment, nous avons la détestable impression de nous plier aux dictats des faiseurs d’images? Que notre désir d’être jolies, sexys, séduisantes — tout en étant reconnues pour notre valeur, notre intelligence, nos compétences — ne rime pas toujours avec harmonie?
Que dire encore sinon que nous sommes souvent désarçonnées par la bête qui nous entraîne dans une déraisonnable course à l’uniformité, à l’homogénéité, à l’indifférenciation: lèvres débordantes, sourcils surpris, visages arrondis…
Le modèle unique oblige à une réflexion. Comment réconcilier nos deux mondes? Comment recourir à l’arsenal beauté sans se dénaturer, et ce, même si l’apparence demeure le plus grand pouvoir accessible et démocratisé de l’époque?
La sacro-sainte image si importante et omniprésente dans notre société — axée sur le jeunisme et le paraître — est devenue un passeport pour la réussite, une marque de commerce dont nous sommes les messagères. En ce sens, l’industrie de la beauté peut contribuer à notre succès en nous permettant de gommer quelques rides, deux ou trois sillons, une dizaine d’années, pourquoi pas.
Et puisque nous avons LE CHOIX — un fabuleux privilège accordé à notre génération —, il n’en tient qu’à nous de poser nos limites. De toute façon, un jour ou l’autre, il nous faudra laisser vivre nos rides et leur être reconnaissantes du parcours qu’elles expriment.
Depuis la nuit des temps, la quête de beauté est intimement liée à l’expression de notre personnalité et à l’affirmation de notre identité. Puiser dans l’ADN beauté de femmes sublimes, brillantes et pertinentes comme Geneviève St-Germain, Denise Bombardier, Nathalie Collard, Marie Saint Pierre et Rachida Azdouz, leur demander de dérouler le génome du culte de l’apparence et d’en codifier les principaux jalons signifiait susciter le débat, la discussion, mais voulait surtout dire… se faire plaisir et vous faire plaisir.
Nous souhaitons que notre Dossier beauté: L’éternel paradoxe (présenté dans le dernier numéro de Vita ) puisse vous allumer, vous divertir, vous étonner et alimenter vos conversations estivales. Que dire d’autre sinon que l’exercice en valait la peine, car la beauté, c’est bien plus que du bonbon…
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