J’écris tôt en ce lundi 12 novembre, dont on nous annonce qu’il sera le dernier jour doux avant l’hiver. Obligation de sortir, alors, d’aller faire le plein d’inspirations profondes, d’aller donner quelques coups de pied dans les tapis de feuilles encore sèches et de me mêler aux gens qui profiteront certainement, eux aussi, de cette dernière chance de flânerie dans les parcs.
Parce que bientôt bientôt, ce seront les bottes, les mitaines, les tuques, les foulards. La bise qui se faufile sous votre manteau, la neige mouilleuse. Brrr. Ouache.
Heureusement, il y aura l’autobus.
Je suis fan d’autobus. Particulièrement le soir tard, l’hiver, et en juillet à plus de 24 °C. Autrement dit, quand le dehors exprime clairement qu’il préfère ne pas me voir !
Étonnant que l’autobus soit associé au pauvre monde, aux pôvres-pas-de-char. Au contraire, la première chose qui me vient à l’esprit, quand je monte dans un autobus, c’est un sentiment de privilège, de luxe. Imaginez : pour un prix dérisoire, vous disposez d’un véhicule toujours en bon état, toujours bien chaud, d’un chauffeur en uniforme à votre service, bonjour, bonsoir, bonne journée madame ! Aucune décision de conduite, personne ne risque de vous rentrer dedans, pas de cycliste ou de patineur qui vous coupe le chemin et la respiration. Vous pouvez lire, écouter de la musique, pitonner sur votre cellulaire, rêvasser même somnoler. Et surtout (c’est ce que j’adore faire), vous pouvez observer vos frères et soeurs humains, leurs poussettes, leurs marchettes, leurs sacs à roulettes, leurs vêtements, leurs comportements, imaginer leurs pensées, leur passé, leur malheur.
Le déstress total!
Oui, parfois vous serez debout, coincée entre un athlète de 2 mètres et un bébé bavant accroché au dos de sa maman. Oui, parfois vous devrez subir les blagues tonitruantes de cégépiennes en mal d’être vues. Oui, y a parfois des odeurs, des dragueurs, des schizos, des renifleurs, des gagas et des enfants tannants. Et alors ? Cela vous sort de votre petit confort le temps de quelques coins de rue. Le temps de vous remettre la réalité dans la face et l’égo à sa petite place.
Quand je quitte l’autobus, que je me retrouve dans la rue, chaque fois je constate que mon regard s’est ouvert. Et pendant quelques minutes, je me sens plus humaine.
C’est bon.
LE BLOGUE HÉLÈNE SE PROMÈNE
Une illustration pratique de la curiosité ! Hélène se promène aussi bien dans sa tête que sur les routes américaines, dans les pages d’un livre que dans sa cuisine, au coeur de la nature qu’entre les rayons d’un grand magasin, dans les méandres du passé que sur les nouvelles plateformes de la modernité ! Bref, chaque semaine sa destination, chaque semaine sa réflexion.
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