Il est 8 heures. En ce samedi tristounet de février, je m’engouffre à l’arrière du taxi, esquisse un vague sourire au chauffeur, me cale sur la banquette en espérant ne pas arriver en retard au rendez-vous.
La tempête de neige qui s’abat sur le Québec rend les conditions routières plutôt hasardeuses, et je me laisse vite gagner par la morosité ambiante et l’impatience. En poussant enfin la porte du studio, je découvre un loft cosy où règne une atmosphère joyeuse et bon enfant. Présentations, embrassades, papotage amical… Pas le temps de s’attarder. Il faut choisir les vêtements, gonfler les ballons à l’hélium, discuter maquillage, coiffure et éclairage.
Soudain, un «Bonjour!» enjoué annonce l’arrivée d’Isabelle Racicot. Celle qui soufflera ses 40 bougies dans quelques jours surgit parmi nous, un sourire lumineux aux lèvres. À première vue, elle a l’air d’un petit bout de femme fort sympathique. Vêtue d’un jean et d’un pull noir, le visage sans maquillage, elle donne indéniablement l’impression d’une fille authentique, épanouie, ancrée dans la réalité. Vaguement intimidée au début, elle nous remercie chaleureusement de l’avoir conviée à jouer les top-modèles.
Notre cadeau d’anniversaire semble ravir l’animatrice de télé. Sous les doigts agiles et talentueux du maquilleur-coiffeur, Isabelle se métamorphose peu à peu. Ajout de rallonges pour remodeler sa coiffure, pose de faux cils et de vernis corail… Elle se prête au jeu avec gaieté et amusement. Elle sourit timidement lorsqu’on lui dit qu’elle est spectaculaire. Généreuse, disponible, elle enfile avec aisance robes et chaussures à talons vertigineux, ne manifeste aucun agacement, prend la pose avec concentration et naturel sous l’objectif de Manon Boyer, prouvant qu’elle a tout d’une grande. Il faut changer de coiffure, repoudrer le visage, ajuster le tombé d’un pantalon, modifier l’éclairage, replacer les ballons…
On imagine sa lassitude à l’idée de répéter encore, toujours, les mêmes poses, mais rien n’altère sa gentillesse et son enthousiasme. Après 10 heures de travail, c’est toujours avec la même modestie, le même calme olympien qu’elle se plie aux dernières exigences de la photographe. Elle semble éreintée mais n’en souffle mot. Il est 18 h 30, la séance se termine. Chacun remballe ses effets, on dégonfle les ballons. Manon ne résiste pas à l’envie d’inhaler un peu d’hélium et détend l’atmosphère avec sa voix aigüe. La fête se termine dans la rigolade. Isabelle se rhabille et ne manque pas de remercier l’équipe. Décidément, cette femme est étonnante et pleine d’humilité. À tel point qu’on la voudrait bien comme meilleure amie!
La version originale et intégrale de ce billet a été publiée dans le numéro de mai 2012 de Vita.
On y sera ce soir, des photos suivront.