Maille à maille, le tricot prend forme. C’est l’image qui me vient devant les bribes d’infos surgissant des témoignages de la commission Charbonneau. Un rang à l’endroit, trois rangs à l’envers, un point Jersey une torsade un chevron, quelques Côtes brisées pour assurer le tout, et voici que se dessine un réseau géant, un filet monstrueux. On savait le tricot à la mode, des podiums aux espaces publics, mais qui aurait imaginé que nos hôtels de ville hébergeaient en toute innocence (?!?) des clubs de Tricoteux de cette envergure ?
Suffit pour les analogies. Si l’image du tricot m’est venue à l’esprit, c’est aussi parce que, imaginez-vous, je me suis (re)mise au tricotage. Il y a deux ans, j’ai connu une dame âgée, une Lucille rose aux doigts toujours dansants entre les fils de laine, que j’ai eu envie d’accompagner dans son ouvrage (c’était un tapis rond). Mon dernier tricot à moi remontait à 30 ans et des poussières… un cache-col kaki, toujours en service aujourd’hui.
Et voilà que les brumes d’automne nous ont remis la laine aux doigts. Lucille s’est aiguillée vers les mitaines et les chaussettes. Moi je m’essaie à un genre de quelque chose qui pourrait servir de jeté ou de descente de lit, on verra bien ou on ne verra rien du tout, je détricoterai peut-être bien l’œuvre, le but n’étant pas à mes yeux la fabrication ni la création, mais la concentration des énergies.
Car il s’agit ici de tenir en respect l’agitation de l’esprit en agitant les articulations.
Ainsi, Lucille et moi pouvons écouter sa télé sans nous enrager. Nous garder au courant des faits, gestes et bêtises du monde sans bondir, stresser ou laisser se déliter notre moral. En tricotant, on arrive à subir sans souffrir, à se mettre en réserve de la réaction pour se placer en mode réflexion.
Le tricot offre une très intéressante forme de conscience: l’indignation zen. Ça permet de poursuivre son travail sans se laisser envahir par la colère. Pour moi, la juge Charbonneau doit tricoter les fins de semaine…
LE BLOGUE HÉLÈNE SE PROMÈNE
Une illustration pratique de la curiosité ! Hélène se promène aussi bien dans sa tête que sur les routes américaines, dans les pages d’un livre que dans sa cuisine, au coeur de la nature qu’entre les rayons d’un grand magasin, dans les méandres du passé que sur les nouvelles plateformes de la modernité ! Bref, chaque semaine sa destination, chaque semaine sa réflexion.