Billet de Sylvie Poirier, rédactrice en chef de
Vita
Publié dans l’édition d’Avril 2009
«L’enfer, c’est les autres… et les rénovations», aurait dit Jean-Paul Sartre s’il avait entrepris de retaper un appartement avec Simone de Beauvoir.
Avez-vous déjà eu envie de visser votre électricien dans le mur? De riveter votre menuisier sur un deux-par-quatre? De poncer votre homme à tout faire jusqu’au sang? D’emmurer vivant (ou mort, c’est plus humain) votre mari ou votre chum derrière la seule cloison qui tienne encore debout? Tout ça parce que vous vouliez moderniser votre cocon (devenu entretemps une maison de fous) et créer un espace plus design, plus moderne, plus… zen.
Vous étiez emballée à l’idée de rénover les deux étages de votre nid (toujours douillet malgré tout) avec votre amoureux (un futur maniaque à la tronçonneuse). Et vous vous êtes dit: «Pourquoi ne pas revamper le sous-sol, tant qu’à faire?» Une bonne idée, en effet, et constructive avec ça.
Depuis ce jour édifiant, votre vie est un chantier où rien ne va plus. Les délais sont plus longs que prévu. Les murs cachent des vices détestables. Votre plombier vous refile de mauvais tuyaux. Le somptueux vert platane choisi pour le boudoir a pris une teinte vert gourgane. Le plancher de bois franc ressemble à une plateforme de forage. La poussière de plâtre s’infiltre jusque dans votre soutien-gorge.
Et surtout, surtout, la facture totale vous scie, littéralement! Pourtant, on vous avait promis un montant presque coulé dans le béton. Naïve, va. «Ça vous en coûtera le double, ma p’tite madame. Votre chaumière, elle date pas d’hier…» Ma p’tite quoi? Furieuse, le teint rouge brique, la hache de guerre déterrée, vous répliquez: «Vous êtes complètement marteau, monsieur Lecave, et je ne débourserai pas un sou de plus!»
Mais que pouvez-vous faire? Lui servir un tir de mortier, l’écrouer dans le nouveau walk-in , le clouer entre quatre planches, lui faire tirer un joint… pour qu’il oublie? Non, il n’y a rien d’autre à faire — comme au Parcheesi — que descendre de l’échelle, regarder votre boa constructeur droit dans les yeux (pour la dernière fois, juré craché), sortir votre chéquier et payer.
Mais si l’envie vous reprend de rafraîchir votre demeure, n’hésitez pas à lire le reportage «Comment survivre à l’enfer des rénos» . Vous économiserez temps, argent, énergie. Et votre tendre moitié ainsi que deux ou trois corps de métiers auront le loisir de vivre encore quelques années.
OUF! Je crois me reconnaitre! Mon histoire de réno débute avec un estimé des travaux (1 semaine de travail pour 5 000 $): chambre insonorisée située au sous-sol. Heureux, on acquiesse et engage les ouvriers (payés à l’heure) pour effectuer les travaux subito presto . Une semaine plus tard, c’est tout juste un gros chantier… comme si une bombe y était tombée!!! On garde espoir. Les nombreux achats de matériel par les ouvriers, dépassent déjà le 5 000 $ prévu (temps inclus).
Une 2e semaine se termine et on en est encore au chantier de construction avec, à l’horizon… un ciel grisonnant et des signes de dollars qui atteignent les 5 chiffres!
Un ultimatum est donné aux ouvriers pour voir clairement ce qui nous attend et convenir de la fin des travaux.
Bilan: 3 semaines et demie de travaux et plus de 15 000 $ de frais, ne nous permet pas de dire que c’est terminé (reste: plancher, peinture,…) et le résultat est très quelconque! On a été trompés, on faisait confiance!
Le pire, c’est que toute cette situation semble normale aux yeux des ouvriers! Il fallait s’y attendre, il faut croire! OUF! Il sont partis, tant pis si c’est pas fini… on respire enfin et on ne stresse plus!
Commentaire par Sélina — 23 mars 2009 @ 18:09