À votre avis, qu’est-ce que l’on peut trouver de plus terrifiant qu’un terroriste barbu? Un propriétaire d’arme nucléaire, me répondez-vous. Pas du tout. Vous n’y êtes pas. La menace ultime, celle qui fait dresser les poils sur les bras, et bien c’est : une femme seule dans un «tout compris» à Cuba. Vous ne me croyez pas? Parlez-en à mon amie Lili. Elle en arrive et a pu mesurer l’ampleur de l’inquiétude.
Absorbée par son métier qu’elle adore, elle a oublié de planifier ses vacances (Elle fait ça chaque année!). Chanceuse, le jour même où elle tombe en vacances, elle dégote la dernière place d’un avion en partance chez Fidel. Tout compris. Sans soucis. Un détail toutefois omis par l’agent de voyages: les femmes seules (comme les Américains) ne sont pas les bienvenues à Cuba.
Trop tard. Quelle ne fut pas sa déception à l’arrivée! Elle ne voit que des couples, (gais et hétéros), quelques familles puis des couples, des couples et encore des couples. Qu’à cela ne tienne! Elle travaille dans le milieu des femmes, ce sera l’occasion de faire de nouvelles rencontres, de jaser, de voir ce qui les préoccupe, les intéresse, mais il y a un hic…
Elles ne veulent tout simplement pas lui parler! Elle a beau initier les bonjours, glisser un mot gentil, y aller d’une petite blague pour casser la glace. Nada . C’est à peine si on lui répond. Elle ne désespère pas et essaie à nouveau. Le soleil a beau briller, l’accueil est aussi froid. Dernière tentative, un beau couple de l’âge d’or. Avec eux au moins, pas de confusion possible. «Enfin, je vais me faire des amis pense-t-elle.» Eh bien, même Mamie fait la baboune! Lili doit se rendre à l’évidence. Mère grand croit qu’elle veut lui piquer son Roland de 82 ans. Franchement. Lili, une voleuse de grand-père? Trop drôle!
N’eût été de la gentillesse des Cubains et de la présence de Johanne, une autre «méchante» célibataire, elle aurait trouvé la semaine bien longue à Cayo Couplo. Quel triste constat. Les couples sont-ils si fragiles pour avoir peur ainsi de s’ouvrir aux autres? Verre de rosé en main, on se console en disant que manifester des signes de jalousie à 75 ans est peut-être un indice de jeunesse. D’ici à ce qu’elle rencontre elle aussi, son Roland, une chose est certaine : elle s’en tiendra aux clubs de vacances pour célibataires!
Pauvre Lili, avant de partir elle aurait dû lire l’article « En cavale… à Cuba » de la journaliste Carolyne Parent. Elle y aurait découvert des sites exceptionnels à visiter seule ou… accompagnée.