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30 août 2011

UNE RENTRÉE MOUVEMENTÉE

Classé dans : Inspiration — Tags : , , Sylvie Poirier @ 8:59

Lentement mais sûrement, l’été prend le chemin de l’exil, le temps de trois saisons. Mais les rebondissements, les petits et grands scandales, les évènements marquants ou troublants qui ont fait grimper le mercure estival n’hiberneront pas pour autant.

Gageons que les Guy Turcotte (le meurtrier non coupable ou plutôt non responsable: y a-t-il une différence?), Anders Behring Breivik (le tueur fou furieux fanatique sans aucun remords), DSK (le macho intello imbu de lui-même), Rupert Murdoch (le pauvre magnat trahi par tous), Martin Sheen (le perdu des perdus), Lindsay Lohan (la perdue éperdue), Oprah Winfrey (la papesse de la télé), Kate et William (le couple le plus glamourissime), U2 (le groupe dont on prendrait bien une pause), Gilles Duceppe (l’homme qui a vu la chute du Bloc), Pauline Marois (la femme qui a vu l’ours qui a vu la chute du Bloc), Jack Layton (l’homme à qui on ne souhaite que du bien), Jean Charest (le politicien qui ne suscite plus grand-chose), François Legault (mystère et boule de gomme), Gérald Tremblay (mystère et vice de forme) et Anne-Marie Losique (mystère et boules…) referont surface cette année, pour le meilleur ou pour le pire.

Parions que les cônes orangés ne cèderont pas un pouce de terrain aux ponts, viaducs ou tronçons de rue, que les cols bleus nous feront rougir de colère, que les inondations perdront le fil de l’eau au profit de blanches bordées de neige, que la dette américaine nous fera grisonner avant l’heure, que les Montréalais, verts de jalousie, fantasmeront sur les réalisations du maire Labeaume…

La rentrée s’annonce mouvementée sur le plan de l’actualité politique, artistique, journalistique, économique. Et vous, comment envisagez-vous la vôtre? Comme un mal nécessaire? Comme un tourbillon vertigineux? Comme la fin de la récré? Et si on vous disait qu’il est possible de réussir sa rentrée familiale, scolaire et professionnelle sans grincements de dents, sans essoufflement, sans affolement. Que le retour à la «vie normale» – lunchs santé et équilibrés, devoirs et leçons, embouteillages monstres, garde-robe à renipper, inscription au gym, rendez-vous chez le coiffeur, la dentiste, le gynéco – peut se faire dans l’harmonie, la quiétude, voire la «zénitude». Je vous sens sceptique, là…

Rentrée et zen, deux mots qui semblent incompatibles, deux concepts inconciliables, pensez-vous. Eh bien, je vous comprends. Pourtant, il y a tout lieu de croire que notre dossier 40 idées futées pour une rentrée saine… et zen (p. 92) aura de quoi vous calmer le pompon. Parole de psychonévrotique de la rentrée, atteinte aussi du blues du dimanche, du spleen de l’automne et du flip de Noël!

Bonne rentrée et surtout inspirez, expirez, inspirez…

- Sylvie Poirier
Rédactrice en chef

La version originale de ce billet a été publiée dans le numéro de septembre du magazine Vita .

21 juin 2011

Deux kilos de temps, s’il vous plaît.

Classé dans : Inspiration — Tags : , Sylvie Poirier @ 9:32

Si vous êtes comme moi , vous manquez de temps pour tout (pas très original, je sais). Pas le temps de cuisiner, de marcher, de lire, de flâner, de regarder une série télé, d’aller au cinéma… À peine le temps de voir votre chum, votre famille, vos amies, de voyager, de vous entraîner, de faire du shopping…

Si vous êtes comme moi , vous êtes passionnée par ce que vous faites, vous adorez votre boulot, vous en mangez même. Pourtant, lorsque vous constatez que les jours filent, que les semaines s’engouffrent dans un univers parallèle au monde réel et que votre vie traverse un vortex où le temps est devenu virtuel, vous vous dites: «Il me faudra bien réintégrer la planète Terre un jour.» Un jour. Mais dites-moi, comment fait-on pour travailler et vivre en même temps?

Si vous êtes comme moi , vous décidez régulièrement de prendre du temps pour vous. Un massage (exténuant, quand on est fatiguée!), une exfoliation faciale (pas très relaxant), un bain «mousseux» (plutôt «ratatinant»), un petit verre de champagne (beaucoup mieux!), un weekend au spa (dur pour le portefeuille), un séjour à l’auberge (pas donné non plus), des vacances (ouch! là, ça demande réflexion, puisqu’il faut bosser pour deux avant de partir et pour trois en revenant).
Les vacances… Inscrites en lettres fluo dans votre agenda, elles vous rappellent constamment que vous devez arriver indemne à cette date magique ou fatidique, selon votre état d’esprit. Défi ou répit? Seul votre psy le sait! Et pourtant, tout le monde le dit — même les experts de notre reportage «Avons-nous assez de vacances?» (p. 82) —, ce moment d’arrêt est salutaire, vital même, pour notre équilibre, notre bonheur, notre santé. Ça existe, les ateliers pour gérer les vacances?

Si vous êtes comme moi , vous magasinez comme le ferait une souris traversant un labyrinthe parsemé de portes invitantes, de trappes attirantes: vous humez, vous soupesez, vous craquez et, sans plus réfléchir (non pas que vous ayez fait exploser votre banque de neurones), vous cherchez désespérément la sortie! Alors quand vient le temps d’acheter intelligemment, consciencieusement, équitablement, vous en perdez votre latin. Notre article «Marketing écolo – Comment démêler le vert du faux?» (p. 77) devrait vous éclairer juste assez pour vous permettre d’acheter en dépensant le moins d’énergie possible!

Et si, par hasard, vous n’êtes pas comme moi , vous avez le temps de vous regarder le nombril. Et donc de profiter, pour ne pas dire d’abuser, allègrement de notre Spécial Sexe (s’étalant langoureusement tout au long de nos pages), conçu pour vous mais assez excitant… pour lui!
Bonnes vacances (et bon retour!).

- Sylvie Poirier

Ce billet a été publié dans le numéro été 2011 du magazine Vita .

24 août 2010

Miroir, miroir, tais-toi…

Classé dans : Magazine Vita Sylvie Poirier @ 8:55

Billet de Sylvie Poirier, rédactrice en chef de Vita
Publié dans le numéro de Septembre 2010

Depuis quelques années, j’évite le plus possible les miroirs et autres surfaces réfléchissantes. Et lorsque j’ose me mirer, les lumières tamisées comme toujours (aucun danger d’être éblouie ou d’avoir des cataractes, chez moi), je scanne ma silhouette en omettant soigneusement les détails. Pourtant, dès que je me retrouve sous les néons au bureau ou dans une cabine d’essayage quelconque (il faudra m’expliquer un jour pourquoi l’éclairage y est tellement déprimant, à moins qu’il ne reflète la réalité…), mes cernes, mon teint gris, mes boutons, mes rides, mes sourcils échevelés, ma repousse archidue ne manquent pas de me sauter aux yeux.

Eh oui, c’est comme ça, dès que je me vois dans la glace, je ne peux m’empêcher de penser: «Il me faudrait un lifting du visage… euh… peut-être aussi du cou; et tiens, pourquoi pas du ventre. Et tant qu’à y être, je pourrais me faire remonter les cuisses, les bras, les fesses, les genoux, le dos… le moral! Deux ou trois injections par-ci par-là ne seraient pas un luxe. Un traitement au laser pour gommer les taches et les rides superficielles ne ferait pas de tort.» En fait, une combinaison de plongée serait plus appropriée… et plus économique.

Pourquoi nos petits (et moyens) défauts monopolisent-ils toute notre attention (la mienne, trop souvent)? Pourquoi sommes-nous si exigeantes et parfois intransigeantes quand il s’agit de notre apparence? Pourquoi, dès le réveil, se met-on en mode dévalorisation? Pourquoi cherchons-nous méthodiquement la petite bête molle? Notre cerveau serait-il aussi déformant que notre miroir? Ma boule de cristal ne me permet pas d’y voir clair.

Mais vous, chères lectrices, vous avez su répondre à ces questions. De toute évidence, vous avez cliqué sur notre sondage Les Québécoises aiment-elles leur corps? puisque vous avez été plus de 3000 à vous prononcer sur le site de Vita. Les résultats de vos réflexions ont été compilés, digérés, analysés, et vous sont dévoilés dans notre reportage publié dans le numéro de Septembre. Ce qui ne nous étonne pas? Notre légère tendance (mais lourde de contradictions) à être obnubilées par la minceur et la jeunesse. Ce qui vous surprendra peut-être? Après 40 ans, nous nous calmons côté obsessions. L’apparence compte toujours, mais nous nous soignons! Nous privilégions davantage le bienêtre, la santé, la sensualité. De quoi nous rasséréner et nous rassurer.

On y apprend aussi que les femmes dans la cinquantaine en ont assez de se regarder le nombril (gros, laid et vieux, bien sûr) et décident d’en finir une fois pour toutes avec la tyrannie du miroir. Ah bon? L’évidence, l’indulgence, que dis-je l’intelligence nous frapperait de plein fouet après 50 ans? La sagesse viendrait avant la sénilité? Je veux bien croire qu’avec l’âge je deviendrai plus bouddhiste que boudin, mais d’ici là, j’attends l’illumination.

Ciel, mes REER vont peut-être survivre au Botox. Je respire…

25 mai 2010

La beauté apprivoisée

Classé dans : Beauté Sylvie Poirier @ 9:41

Billet de Sylvie Poirier, rédactrice en chef de Vita
Publié dans le numéro d’été 2010

Dès l’instant où nous avons décidé de réfléchir sur le thème de la beauté et d’en présenter les états généraux dans le numéro d’été, il a fallu s’interroger sur la pertinence d’un tel exercice.

Pourquoi traiter d’un sujet à première vue frivole et superficiel? Qu’y avait-il tant à dire sur la beauté sinon qu’elle fait naître en nous des sentiments ambivalents? Que la relation qui nous unit en est souvent une d’amour-haine?

Qu’en adoptant les modes et les courants du moment, nous avons la détestable impression de nous plier aux dictats des faiseurs d’images? Que notre désir d’être jolies, sexys, séduisantes — tout en étant reconnues pour notre valeur, notre intelligence, nos compétences — ne rime pas toujours avec harmonie?

Que dire encore sinon que nous sommes souvent désarçonnées par la bête qui nous entraîne dans une déraisonnable course à l’uniformité, à l’homogénéité, à l’indifférenciation: lèvres débordantes, sourcils surpris, visages arrondis…

Le modèle unique oblige à une réflexion. Comment réconcilier nos deux mondes? Comment recourir à l’arsenal beauté sans se dénaturer, et ce, même si l’apparence demeure le plus grand pouvoir accessible et démocratisé de l’époque?

La sacro-sainte image si importante et omniprésente dans notre société — axée sur le jeunisme et le paraître — est devenue un passeport pour la réussite, une marque de commerce dont nous sommes les messagères. En ce sens, l’industrie de la beauté peut contribuer à notre succès en nous permettant de gommer quelques rides, deux ou trois sillons, une dizaine d’années, pourquoi pas.

Et puisque nous avons LE CHOIX — un fabuleux privilège accordé à notre génération —, il n’en tient qu’à nous de poser nos limites. De toute façon, un jour ou l’autre, il nous faudra laisser vivre nos rides et leur être reconnaissantes du parcours qu’elles expriment.

Depuis la nuit des temps, la quête de beauté est intimement liée à l’expression de notre personnalité et à l’affirmation de notre identité. Puiser dans l’ADN beauté de femmes sublimes, brillantes et pertinentes comme Geneviève St-Germain, Denise Bombardier, Nathalie Collard, Marie Saint Pierre et Rachida Azdouz, leur demander de dérouler le génome du culte de l’apparence et d’en codifier les principaux jalons signifiait susciter le débat, la discussion, mais voulait surtout dire… se faire plaisir et vous faire plaisir.

Nous souhaitons que notre Dossier beauté: L’éternel paradoxe (présenté dans le dernier numéro de Vita ) puisse vous allumer, vous divertir, vous étonner et alimenter vos conversations estivales. Que dire d’autre sinon que l’exercice en valait la peine, car la beauté, c’est bien plus que du bonbon…

La Table ronde en vidéo
Ne manquez pas de visionner les vidéos des moments forts de la Table ronde. Et vous n’en douterez pas, avec de telles invitées ces moments ont été nombreux!

27 avril 2010

Histoire de pêche…

Classé dans : Magazine Vita Sylvie Poirier @ 11:06

Vous ai-je déjà dit à quel point le camping m’inspire misère et frayeur? Eh bien, laissez-moi vous le redire: je déteste les tentes, les roulottes, les feux de camp, les papillons de nuit et la promiscuité.

Pourtant, j’aime la campagne: je viens du Lac-Saint-Jean. On parle ici de forêt boréale, de lacs incroyables, de rivières sauvages, des plus gros bleuets au monde (qui sont en fait les plus petits), des atocas (canneberges pour les non-initiées) les plus antioxydants sur la planète!

Malgré ces origines rurales, je ne possède aucun gène actif de coureuse des bois, même si j’ai une Micmaque de la Gaspésie parmi mes aïeules et que mes parents adoraient camper, pêcher et chasser.

L’idée de dormir dans un camp de fortune au coeur d’une faune de mulots, de mouches noires, de taons à cheval, de limaces gluantes, de fourmis dévoreuses d’orteils, de renards roux, de loups blancs (on ne les trouve qu’au zoo de Saint-Félicien, mais on ne sait jamais…), d’ours noirs, de chouettes au regard terrifiant, d’orignaux en rut et d’araignées velues (il paraît qu’elles ne sont pas poilues par chez nous) ne m’inspire pas plus qu’il le faut.

«Mais voyons, on est tellement bien dans la forêt, loin du brouhaha de la ville [qui a dit ça?], de la pollution [ça reste à prouver], du bruit [pas d’accord], du stress [vraiment pas d’accord].»

Je n’ai jamais compris pourquoi certains hommes s’excitaient tant à la seule pensée d’une partie de pêche ou de chasse, loin de leur cocon, d’une douche chaude, d’un lit douillet…

Pourtant, inutile de chercher midi à quatorze heures, les raisons sont évidentes: jouer à Daniel Boone, c’est s’éloigner du quotidien, des problèmes de couple, de famille, d’argent, de travail; c’est fuir la routine, l’ennui… C’est respirer un bon coup et se permettre d’être soi-même. Pas besoin de parler (ou si peu), de se laver (ou si peu), de se raser (ou si peu), de ranger (ou si peu), de cuisiner (ou si peu), de penser (ou si peu).

Au plaisir de la nature, de l’isolement, de la camaraderie et de la simplicité volontaire s’ajoute un sentiment de liberté, de quiétude, de paix. De sainte paix!

Si je n’avais pas peur de mon ombre, des bestioles et du noir, je ferais comme ces femmes qui ont découvert les joies de la pêche entre membres de la même espèce (voir notre reportage «Une femme à la pêche!» dans le dernier numéro de Vita ) et je profiterais de ce répit pour refaire le plein, rigoler avec mes copines et, pourquoi pas, taquiner le poisson.

Mais malgré la perche tendue par notre journaliste — qui a trouvé l’expérience miraculeuse —, je ne mordrai pas à l’hameçon, point à la ligne. Quant à vous, rien ne vous empêche de prendre le brochet par les nageoires et de vivre une aventure frétillante. En plus, vous percerez LE grand mystère masculin… Allez mesdames, on ne loupe pas la chaloupe!

De bonnes adresses…
Ça y est! Notre rédactrice en chef vous a convaincue, mais vous ne savez pas où aller? Consultez nos bonnes adresses dans cet article Pourvoiries: Pêche pour elles…

22 mars 2010

Chaque chose à sa place…

Classé dans : Magazine Vita Sylvie Poirier @ 8:35

et les obsédées seront bien gardées.

Il y a quelques années, j’étais, disons, très organisée. Aujourd’hui, je le suis plus raisonnablement (enfin, c’est mon avis). Mes armoires de cuisine ne supportaient pas qu’un verre à eau se retrouve à côté d’une coupe à champagne, qu’une tasse en porcelaine côtoie une tasse en céramique, qu’un bol à soupe fricote avec un bol à dessert. La première étagère de ma lingerie hébergeait les débarbouillettes (empilées par couleurs), la deuxième et la troisième, les serviettes (superposées par textures), la quatrième, les produits de toilette (rangés par grandeurs et grosseurs). Ma garde-robe se targuait de présenter mes vêtements de façon logique et pratique: ceux de la semaine au centre, classés par kits; ceux des sorties plus chics à droite; ceux du weekend au fond à gauche. Les objets décoratifs avaient une place assignée: un centimètre à côté, tout était déséquilibré; un centimètre plus bas, ça n’allait pas.

Mon frigo était le maître incontesté de la gestion par associations: les légumes avec les légumes, les fruits avec les fruits, les liquides avec les liquides, je pense que vous avez compris le principe. Pourtant, mes enfants ne semblaient pas saisir l’importance de cette organisation. Ma fille rangeait le lait avec le jus, même s’il est évident que le lait fait partie du groupe des produits laitiers, on s’entend. Mon fils, pas plus sensible à ma cause, garrochait la bouteille de ketchup à côté de la sauce soya: comment pouvait-on être aussi inconscient? J’avais beau expliquer, dans un élan irrité, que la sauce soya — tout comme la tamari et la hoisin — logeait au clan des sauces aux huîtres, au poisson et au piment, et qu’elle n’avait, mais alors là, rien à voir avec la moutarde, la mayonnaise, les cornichons sucrés, la relish et autres condiments, il n’y avait rien à faire. Tour à tour, Alex plaçait le beurre avec les oignons (sacrilège!) et Valérie cachait le fromage avec les pommes de terre (hérésie!). Mais qu’y avait-il de si compliqué à comprendre là-dedans?

Ma bibliothèque est encore classée par ordre alphabétique d’auteurs (sinon, comment s’y retrouver?), ma pharmacie a un agencement bien précis (les produits de beauté à gauche, les dentifrices et compagnie au centre, les médicaments à droite), les tiroirs de cuisine — et seulement eux! — ont le droit de manifester un certain désordre, mais les objets doivent appartenir à la même catégorie: celui du haut accueille les ustensiles, celui du milieu, les linges à vaisselle, et celui du bas, les cossins (ampoules, tournevis, papier alu, chandelles, marteau…). Pas besoin de vous dire que ce dernier tiroir m’obsède! Mais bon, avec le temps, j’ai appris à lâcher le morceau, ou presque.

Là où je perds véritablement le contrôle, c’est dans la façon de gérer mes placards et mes hangars: peu importe mes tentatives semestrielles de grand ménage, un bordel certain finit par s’installer. Et savez-vous quoi? Je m’en contrefous! Incroyable! Je suis de plus de plus détendue au sujet de l’astiquage et du rangement. Mais un fait demeure: l’organisation me permet de gagner temps et énergie. Lorsque mon espace vital est rangé, mon cerveau est rassuré et peut travailler «l’esprit» en paix.

J’ignore toujours si je fais partie des obsédées (voir notre reportage «Peut-on être trop organisée?» dans notre dernier numéro d’avril), mais je crois que mon besoin de savoir exactement où se trouvent les objets de la vie courante, de tenir à tout faire à la perfection, d’être plus ponctuelle que la reine d’Angleterre, d’avoir de la difficulté à déléguer, de vouloir être la meilleure, la plus efficace et la plus performante relève du même axiome: la peur de perdre le contrôle. Je l’avoue et j’y travaille. Et vous?

25 janvier 2010

Ce que femme veut…

Classé dans : Magazine Vita Sylvie Poirier @ 10:15

Billet de Sylvie Poirier, rédactrice en chef de Vita
Publié dans le numéro de Février-mars 2010
[email protected]

Avoir 40 ans et plus aujourd’hui, c’est fantastique! On peut faire à peu près tout ce qu’on veut. On est libre d’être en couple ou pas, d’avoir des enfants ou pas, de miser sur sa vie professionnelle ou pas. On peut opter pour le mariage, l’union civile, le concubinage, le célibat, le batifolage; on bénéficie de congés de maternité avantageux; on a la possibilité de faire carrière en politique, en affaires, en sciences, en ingénierie, en cinéma, en astronomie, en restauration, en diplomatie, en édition… Bref, nos rêves sont accessibles, possibles. Ce qui n’a pas toujours été le cas, ne l’oublions pas. Aurait-on atteint le nirvana? N’exagérons pas. Mais on ne lâche pas. Le féminisme nous a ouvert toutes les voies. C’est un constat, pas la fin du combat.

Ceci expliquant cela, on se rapproche merveilleusement (ou dangereusement) de notre objectif: être tout ce que les hommes peuvent être. Mais sans le débordement de testostérone, sans les poils, sans leur incapacité à faire deux choses en même temps, sans leurs nombreuses (et parfois injustifiées) crises d’hystérie au volant, sans le garage aux mille cossins, sans les parties de chasse à la bière, sans les matchs de boxe… sans la Cage aux Sports.

Oui, la vie nous intéresse. Oui, on se lance. Oui, on peut tout réaliser. Oui, on connaît les aléas de l’émancipation. Et oui, on les assume. On peut, par exemple, se retrouver le bec à l’eau si on se sépare de notre conjoint et qu’aucun contrat ne nous protégeait (voir notre reportage «Pacte conjugal: mieux vaut prévenir que guérir», p. 71).

On peut, du jour au lendemain, frapper un mur d’incompréhension si notre époux nous laisse pour… un homme! («Il m’a quittée pour un homme!», p. 74). On peut espérer le prince charmant pendant au moins cent ans depuis que le flirt a été décrété dépassé («Je te drague… moi non plus», p.61). On peut devenir rouge comme une tomate et ruisseler telle Jeanne d’Arc sur le bûcher en pleine réunion de direction quand une chaleur nous consume («La méno au bureau: attention, j’ai chaud!», p. 66).

Jojo ou pas, la liberté nous va bien, et on y tient. Comme le chanterait judicieusement Ariane Moffatt, «on veut tout, ici et maintenant…» On veut la santé, l’amour et l’amitié, le boulot rêvé, le cottage «détaché», la Mini Cooper décapotée, les sacs griffés, les produits de beauté… On veut tout. Et on mérite tout.

La seule chose qui ne nous soit pas accessible, c’est la vie éternelle. Pour le moment. Mais la bonne nouvelle, c’est que plus on est optimiste, plus on est heureux, plus on a de chances de vivre longtemps («L’optimisme, c’est positif!», p. 107).

Alors, on se fait plaisir, ça garde jeune…

23 novembre 2009

Place à la compassion

Classé dans : Générosité Sylvie Poirier @ 10:26

Billet de Sylvie Poirier, rédactrice en chef de Vita
Publié dans le numéro de Décembre 2009-janvier 2010
[email protected]

Il y a tellement de façons de donner et tant de gens dans le besoin que notre sens du partage se perd dans les couloirs de la misère. On ne sait plus à quelle cause se dévouer. Pourtant, les Québécois sont reconnus pour être généreux.

Mais la crise économique, les scandales financiers à la Vincent Lacroix, Bernard Madoff et Earl Jones — pour ne nommer que ceux-là —, l’incompétence de plusieurs de nos dirigeants, la collusion et la corruption dans le monde municipal et le milieu de la construction… Tous ces abus de confiance, ces obus de malveillance nous frappent de plein fouet, nous laissent une indécrottable impression de déjà vu (et le pressentiment qu’on n’a encore rien vu).

Pas étonnant qu’on se demande si ce bourbier n’est que la pointe de la fosse septique. Qu’on imagine un abîme sans fond de malversations qui attendent d’être mises au grand jour. Qu’on finit par croire que seuls les contribuables ont attrapé le virus de l’honnêteté et que les experts en magouilles et embrouilles sont carrément immunisés.

Difficile de ne pas être cynique dans un tel contexte, mais on doit garder à l’esprit qu’il existe des gens pour qui l’intégrité, la générosité et la probité ne sont pas que des concepts. Des personnes qui portent à bout de bras des causes ardues mais jamais perdues. Des femmes et des hommes qui nous redonnent espoir et confiance en l’être humain.

Et il y a nous, la majorité occupée, débordée, fatiguée, qui ne peut imaginer ajouter une «corvée» bénévolat à son BlackBerry. Pas de temps, pas d’argent, pas d’énergie, pas d’intérêt.

Alors qu’un petit geste peut faire une différence. Cliché ou pas, qu’on y croie ou non, acheter le magazine L’Itinéraire à l’occasion, participer à la guignolée, donner à un organisme de son choix, contribuer au panier de Noël de son entreprise, faire cadeau d’un livre neuf à la Fondation pour l’alphabétisation , assister à une soirée-bénéfice, offrir un sourire, un bonjour et encore mieux un dollar à un sans-abri, devenir Grand Frère ou Grande Soeur … Tous ces gestes, petits et grands, aident, soulagent et  réconfortent.

Partager n’a jamais fait mourir personne, pas même les gens occupés, mais l’indifférence, elle, peut tuer…

19 octobre 2009

Pareils, pas pareilles?

Classé dans : Magazine Vita Sylvie Poirier @ 15:38



Billet de Sylvie Poirier, rédactrice en chef de Vita
Publié dans le numéro de novembre 2009
[email protected]

Alors que j’avais 18 ans, les mots féminisme, parité et égalité ne signifiaient pas grand chose pour moi. Dans mon souvenir, nous étions tous égaux devant l’indolence. C’était l’époque des communes, où des copines en bottines et des barbus sympathiques faisaient pousser des légumes bios et du pot organique; l’époque des voyages à Vancouver où la même bande de babas cool allait cueillir des fruits exotiques et des champignons magiques; l’époque des piaules où des poilus de tout acabit se retrouvaient autour d’une pipe à eau et écoutaient (quand ils avaient encore un peu de lucidité) les Led Zeppelin, Gentle Giant et Janis Japlin de ce monde.

Mais dans ce tourbillon de boucane et de brume ont germé quelques idées d’absolu: l’amour libre ( je n’ai jamais réussi à adhérer à ce concept), la paix sur terre, la fin de la guerre, le macramé et l’égalité (la brume finissait tout de même par se dissiper).On plantait des causes, on cultivait des idéaux, on semait des graines d’espoir. Et le monde pouvait rêver.

Décidément, on était dans le champ. Et on n’est toujours pas sorti du bois.

La guerre s’enracine un peu plus chaque jour, la famille s’est recomposé une drôle de cellule, le couple est devenu une sorte de mutant dont on ne saisit pas encore très bien la transformation, l’amour cherche à éclore sous le macadam de la violence et de l’individualisme, et l’égalité n’est pas gagnée.

Comme féministe, j’ai longtemps pensé que les différences entre les hommes et les femmes ne favorisaient ni l’équité ni l’égalité. Le plus simple était peut-être de les nier (pas facile), de les gommer (pas évident), de les éliminer (pas possible), de les accepter (pas question!).

Pourtant, ces différences déterminent probablement plusieurs de nos choix de vie. C’est en tout cas ce que soutient la psychologue Susan Pinker dans son essai Le sexe fort n’est pas celui qu’on croit (voir l’entrevue qu’elle nous a accordée ce mois-ci dans les pages de Vita ). Et moi qui espérais pouvoir dire haut et fort qu’il n’y a aucune différence entre les hommes et les femmes, qu’on est tous égaux! Après tout, nous aussi on bosse, on consomme, on s’entraîne, on stresse, on se rend malade, on manque de temps, on drague, on est infidèle (voyez aussi le reportage «L’infidélité au féminin: sortie côté jardin» dans notre dernier numéro)…

En fait, on se ressemble de plus en plus, et les différences qui nous définissent seraient plus édifiantes qu’aliénantes. Pourrait-on parler de deux sexes forts et faibles à la fois? Si c’est le cas, je dis: «Alléluia!»

21 septembre 2009

Cellule de crise

Classé dans : Magazine Vita Sylvie Poirier @ 9:09


Billet de Sylvie Poirier, rédactrice en chef de Vita
Publié dans le numéro d’octobre 2009
[email protected]

Il était une fois une petite cellule de rien du tout qui, pour des raisons obscures, s’était transformée de façon anormale, puis multipliée jusqu’à se faire des millions de copines. Un conglomérat tentaculaire qui avait déployé ses ramifications pernicieuses à l’insu de la porteuse de bombe… Mon amie. Aussitôt les hostilités déclarées par le cancer du sein, la famille, les proches, les collègues se sont regroupés en un noyau solide, fusionnel, pour interagir en symbiose et démanteler le réseau d’attaquants de l’envahisseur: chimio, métastases, nausées, perte des cheveux, sècheresse de la peau, douleurs musculaires, fatigue, angoisse… Malgré tout, mon amie s’est retrouvée seule face à cette intangible (et pourtant palpable) maladie. Aussi bien dire en cellule d’isolement. Comment trouve-t-elle la force d’accepter le verdict? D’exécuter la sentence avec confiance et espérance? De combattre l’ennemi avec virulence?  De ne pas se laisser envahir par la peur, la terreur? Je ne sais pas. Pour ma part, je n’ai qu’une envie, créer ma propre cellule antiterroriste. Anticancer. Antisouffrance. Mon amie se bat. Elle est forte. Je suis de tout cœur avec elle. Je l’attends. Je l’espère. Je l’aime.

Pendant ce temps…
… en Afghanistan , une autre cellule antiextrémiste — constituée de femmes, d’hommes, d’enfants et de soldats courageux — livre un combat tout aussi important, pour la liberté, celui-là. Au moment d’écrire ces lignes, les talibans intensifiaient leurs actes de violence contre le peuple afghan, jurant d’attaquer les bureaux de scrutin afin de perturber les élections prévues à la fin d’août. Pour les femmes, ce genre de menaces est presque monnaie courante, elles qui paient de leur liberté et parfois même de leur vie le lourd tribut de l’intolérance. Elles, dont les droits sont plus que jamais bafoués malgré l’éviction des insurgés en 2001. Elles, qui se déplacent — tels des fantômes bleus et marron — couvertes de la tête aux pieds, frémissant au moindre battement de taliban.
Une cellule cible dans un conflit insoluble.

Pendant ce temps…
… au Québec , le ministre de la Santé, Yves Bolduc, nous a donné des chaleurs! Alors que le projet de loi 34 voulait obliger les cliniques privées d’avortement à se transformer en blocs opératoires et risquait ainsi de restreindre l’accès aux interruptions volontaires de grossesse, les femmes bouillaient. (Quand une cellule embryonnaire devient aussi grosse que l’oeuf!) Un droit aussi durement acquis que celui-là ne peut en aucun cas être menacé par une question de privatisation. Mais quelle mouche avait donc piqué le ministre? La mouche du sommeil? Celle qui anesthésie le sens commun? Heureusement, il a fait volteface (merci au Collège des médecins). Ouf! On a eu chaud. Restons tout de même éveillées…

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