Jamais trop tard
Propos de Nathalie Brunet recueillis par Nadine Descheneaux
Je n'ai jamais été une sportive. Mon visage tourne au rouge dès que je m'active. Petite, j'étais la dernière choisie dans les équipes sportives. Dans la trentaine, comme bien d'autres, j'ai tenté le gym. J'ai décroché, comme bien d'autres aussi. Je ne voulais répéter l'expérience, je savais déjà que cela ne me conviendrait pas. Je cherchais une activité à faire n'importe quand, n'importe où et qui ne nécessitait pas de lourds investissements en équipement.
Finalement, le déclic s'est produit. Une tante de Québec pratiquait la course. Je savais combien elle trouvait l'expérience valorisante. Et surtout, je la voyais. Motivée. En forme. Bien dans sa peau. Avec son aide, j'ai créé un petit programme d'exercices et d'entraînement. Mon but? Une course de 10 km à ses côtés, deux mois plus tard. Mission accomplie!
Mon plan s'arrêtait là, au fil d'arrivée de cette première course; je n'avais aucune attente ni projet pour la suite des choses. Mais la course m'a rattrapée et je n'ai jamais arrêté depuis. J'ai rejoint différents clubs de courses où j'ai élargi mon cercle d'amis. J'ai participé à des dizaines de marathons, dont un à Las Vegas et deux à Chicago.
Je ne cours pas pour battre les autres ou améliorer mes performances de quelques secondes. Non, merci! Je cours pour moi, pour m'accorder du temps. Le bienêtre que j'en retire est immense et... contagieux! Mes enfants, mon conjoint, mes collègues, mes amis, tous ont été inspirés par mon expérience. J'ai formé un club de course au travail. On a rendez-vous chaque jeudi à 16 h. Beau temps, mauvais temps. J'organise même des ateliers théoriques chaque année en vue d'une course qui se déroule dans notre région.
Dépasser ses limites
Au-delà des bienfaits physiques, la course nous ouvre aux autres. Surtout quand on le fait pour le plaisir plutôt que dans un esprit de compétition. J'ai franchi l'arrivée du marathon de Las Vegas une heure après mon amie. En courant, je savourais le paysage et explorais de mes yeux avides des coins inconnus de la ville. Mon chrono? Je m'en fichais! Le simple fait de savoir que j'étais capable de réussir la course me suffisait. Ce n'est pas de terminer la première qui importe, mais de se surpasser et de constater que l'on peut accomplir quelque chose de grand.
Dans une course difficile, on doit parfois puiser au fond de soi, au-delà de nos propres limites. Comme dans la vie finalement. La course m'aide à mieux affronter les embûches et les problèmes de la vie quotidienne. Et quand je ne pourrai plus courir... je marcherai. J'ai déjà un plan B en poche! En attendant, je prends la route pour Philadelphie...