Le sceau de Céline
Il y a une dizaine d'années, Céline Dion a fait construire la maison de ses rêves à Jupiter Island, en Floride. C'était magnifique! Sauf les parterres et les platesbandes, qui ne lui plaisaient pas. Or, elle n'a jamais osé signifier à son jardinier que cet aménagement n'était pas conforme à ses désirs. Elle s'en est donc accommodée... Puis elle a vendu sa propriété pour aller vivre à Las Vegas.
L'hiver dernier, toujours en Floride, elle a de nouveau mis en chantier la maison de ses rêves. «Je savais exactement ce que je voulais, assure-t-elle. Je fermais les yeux et je la voyais.» L'architecte, lui, ne la voyait pas. Il a voulu lui imposer sa propre vision, bâtir la maison de ses rêves à lui. «Il ne m'écoutait pas. Il disait que ce que je voulais ne se faisait pas.» Cette fois, elle n'avait pas l'intention de se plier aux désirs et aux caprices de qui que ce soit. Elle l'a congédié. Et elle est repartie à zéro, avec une femme. «On s'est parlé, elle m'a écoutée, je l'ai écoutée. On est en train de faire ensemble ce qui, semble-t-il, ne se faisait pas. Et ce sera très beau. Comme je le veux.»
Depuis 10 ans, Céline a appris à savoir (et à obtenir) ce qu'elle veut. J'ai vécu dans son entourage immédiat pendant quelques mois, à l'époque de la tournée Falling into You et de l'album D'eux , au moment où elle entrait dans la très grande gloire et l'immense fortune. Elle m'avait alors parlé de cette paradoxale timidité qui l'empêchait - elle qui affrontait les foules des plus importants stades d'Europe, d'Amérique et d'Asie -d'exprimer ses volontés, ses désirs et ses goûts. J'ai retrouvé cette année, en Australie, en Europe et au Québec, une femme remarquablement sûre d'elle, très autonome, consciente et heureuse des changements qui se sont opérés en elle.
À tout juste 40 ans, Céline dit enfin haut et fort ce qu'elle pense. Elle impose partout et en toute chose sa vision, son opinion. Ceux et celles qui tiennent un rôle dans la formidable machine qui l'entoure savent que, s'ils ont commis une bourde ou fait une erreur, ils en entendront parler. Pas nécessairement, comme autrefois, par René Angélil, mais de plus en plus souvent par Céline elle-même. Le grand patron s'occupe toujours de la business , des négociations, des contrats; la chanteuse voit à ce qu'elle appelle «les choses de la vie»: l'école de leur fils, la mise en scène de son show, la construction et l'entretien de leurs maisons, l'organisation au quotidien. Il ne se passe désormais rien dans sa vie de femme, de mère, de star sans qu'on la consulte; et rien n'est mis en chantier si elle n'en a pas approuvé les plans...