… et en sagesse
À l'époque où elle a commencé dans le métier, tous ceux qui l'entouraient étaient beaucoup plus âgés qu'elle. Elle avait 13 ans, son manager en avait presque 40, et son parolier, Eddy Marnay, plus de 60. Puis de plus en plus de jeunes sont entrés dans son entourage. Aujourd'hui, tous les danseurs qui l'accompagnent sont plus jeunes qu'elle. «Un jour, je serai la plus vieille. C'est normal.»
Elle parle souvent de «la normalité des choses» ou de «l'ordre des choses». C'est dans l'ordre des choses, par exemple, que sa mère et son mari partent avant elle. Et qu'elle connaisse, tôt ou tard, de très grandes peines. Dans l'ordre des choses également que René-Charles, qui aura huit ans en janvier, vole un jour de ses propres ailes. En attendant, elle l'élève comme elle a grandi elle-même, très librement, entouré d'adultes, comblé, adulé... Elle déteste les théories des pédiatres qui proposent de laisser pleurer les bébés, de les exclure de l'intimité du couple. «Je crois, moi, au pouvoir de l'amour, point final, lance-t-elle. Je n'ai jamais laissé pleurer mon enfant. Et s'il veut venir dormir dans mon lit, il est le bienvenu.» Son fils est, comme elle, un oiseau de nuit. Comme son père, il aime le jeu, tous les jeux, surtout le poker et le golf. Et comme tous les enfants, il adore les machines et les gadgets électroniques. Céline prétend que si elle est devenue une femme plus sûre d'elle, enfin capable de dire à un architecte qu'elle n'accepte pas les plans qu'il lui propose, c'est grâce à son mari, qui a eu la sagesse de la laisser s'affirmer, et aussi grâce à son fils. «Une femme qui a eu un bébé n'a plus la même vision du monde, dit-elle. Elle prend forcément de l'assurance.» Céline songe très sérieusement à avoir un deuxième enfant, tout de suite après la tournée. «Je ne veux pas laisser passer cette chance».
Tous ceux qui l'ont fréquentée savent qu'elle a drôlement le tour avec les enfants. Aux petits pauvres de Soweto qu'elle a rencontrés l'hiver dernier, elle a longuement parlé de la neige, des ours et des loups, des deux océans, des grands espaces où vivent ensemble des gens venus de partout. Ils ont beaucoup ri. Puis elle les a fait parler de leur pays, qu'elle découvrait avec ravissement. Avant de s'envoler pour Johannesburg, elle avait passé deux jours en compagnie d'un historien sud-africain (cadeau de son amie Julie Snyder) qui, à son tour, lui avait raconté l'histoire de son pays et dressé le portrait des grands personnages qui l'ont façonné. Quelques jours plus tard, au Cap, elle visitait l'île Robben, où Nelson Mandela a été emprisonné pendant près de 20 ans. Elle voulait tout voir, tout savoir. Il y a 10 ans, ça ne l'aurait sans doute pas intéressée. Ce qu'elle souhaitait, à l'époque, c'était chanter mieux. Elle était super disciplinée. Plus maintenant. Maintenant, il y a son fils. Il y a la vie, les chantiers de construction, les villes à découvrir. Cet été, elle a connu Berlin, ville belle, trépidante, vibrante où elle avait déjà donné plusieurs spectacles sans la voir. «Je découvre le monde avec mon fils. Je suis à l'école avec lui, comme l'a été ma mère avec moi.»