Celle qui sait ce qu’elle veut
Quel que soit l'endroit où sa tournée la mène, elle emporte des piles et des piles de magazines (mode, architecture, décoration), qui traînent par terre, sur les fauteuils et sur les tables des suites hôtelières qu'elle habite. Elle passe des heures à les feuilleter, arrachant les pages qui lui plaisent (tuiles, manteaux, poignées de porte, fontaines, moulures, robinetteries, chemisiers, poufs, luminaires, chaussures....). Elle classe ensuite ces coupures dans des cartons, qu'elle remet à sa styliste, à ses architectes, à ses décorateurs et à ses jardiniers afin qu'ils sachent ce qu'elle aime et ce qu'elle veut. Et ce qu'elle aura, coûte que coûte. On connaît sa passion pour la mode. Aussi grande et dévorante est celle qu'elle nourrit pour la construction et l'aménagement. Des intérêts que son mari ne partage d'aucune manière. Dans ces domaines, c'est elle et elle seule qui décide.
Céline a présentement cinq gros projets sur lesquels elle exerce une autorité quasi totale: en Floride, construction d'une maison sur la mer et d'un pavillon sur le canal; au Québec, restauration d'un chalet dans les Laurentides, réfection du club-house du golf Le Mirage et construction d'un entrepôt à l'île Gagnon pour ranger vêtements, trophées et souvenirs. Budget total: plusieurs dizaines de millions de dollars. Et si quelque chose ne la satisfait pas, que ce soit dans la maison floridienne ou le chalet laurentien, on recommencera. Ça s'est déjà vu. À Lake Las Vegas, elle a refait toute la décoration (peinture, tapis, mobilier) de la maison qu'elle allait occuper pendant que A New Day... tenait l'affiche du Colosseum. À l'île Gagnon, il a fallu abattre des murs, hausser des plafonds, déplacer des fenêtres.
«Avec le temps, je suis devenue très exigeante, avoue-t-elle. Je veux que tout soit parfait. Et je me laisse rarement impressionner par ce qu'on me propose ou ce qu'on me donne. Lorsque mon mari m'offre un cadeau, je suis touchée par son geste, mais j'ai toujours quelque chose à redire. Je ne suis à peu près jamais d'accord avec son choix. En fait, il ne choisit pas. Comme beaucoup d'hommes, il se fie au vendeur. Pas moi. Moi, quand je m'achète des vêtements, je m'y connais autant, sinon plus que la vendeuse. Et je ne fais pas d'erreur.»
Pas d'erreur non plus dans son maquillage de scène, très élaboré. Un véritable tableau qu'elle compose maintenant toute seule, assise bien droite (elle ne s'appuie jamais sur le dossier des chaises ou des fauteuils) devant la table qu'on a dressée dans sa loge et sur laquelle sont disposés des dizaines de petits pots: poudres, crèmes, huiles, pinceaux, faux cils. Sur une tablette, au-dessus du miroir bordé de lumière, quatre photos encadrées. De gauche à droite: elle-même avec son fils et son mari; au centre, côte à côte, sa mère et son père; à droite, Eddy Marnay, son parolier disparu en 2003. À sa gauche, on a mis l'ordre du jour (du soir, en fait).