Dominique Serra - Fondatrice du rallye Aïcha des gazelles
NDLR: Le Rallye Aïcha des Gazelles est en cours et se poursuit jusqu'au dimanche 29 mars. 14 équipes québécoises y participent. Vous pouvez suivre leurs exploits sur le site officiel du Rallye Aïcha des Gazelles .
Merci à la journaliste Christine Simonnet-Barberger qui nous a fait parvenir du Maroc ce portrait de Dominique Serra. Christine prépare d'ailleurs un autre article qui sera publié plus tard cette année dans le magazine Vita.
El-Hazbane, village du sud du Maroc, 3h55 du matin. Il fait froid. Sous la tente, je frissonne. Arrivée la veille au bivouac du Rallye Aïcha des Gazelles, j'attends le signal du lever comme toutes les femmes couchées elles aussi. Soudain, une voix ferme et joyeuse se fait entendre dans le noir: «Bonjour, il est quatre heures!». C'est Dominique Serra. Tous les matins, pour les huit prochains jours, elle suivra le même rituel parce que c'est elle la chef de cette bande de femmes venues de treize pays pour se mettre à l'épreuve, parfois à la limite de leurs forces. Pourquoi? Parce que depuis presque vingt ans, elle leur a promis une chose: «Si tu fais mon rallye, tout sera alors possible». En 2004, je l'ai crue et j'ai triomphé du désert et de mes doutes tout comme les mille quatre cents autres participantes qui, depuis 1990, ont parcouru les mêmes pistes.
Des femmes fortes comme modèles
À sept heures, le dernier véhicule parti sur les pistes, Dominique me rejoint sous la grande tente blanche servant à la fois de réfectoire, de salle de conférence et de fête. Elle a les traits tirés, - restes d'une nuit blanche -, mais elle se prête gentiment au jeu des questions-réponses. «Tu as fait le rallye, tu comprendras», me dit-elle tout de go.
Elle est née en 1954 et sa vie, dit-elle, est à l'image du rallye: dure. Élevée tout d'abord en Algérie puis en France, elle apprend très vite, à onze ans, que «pour y arriver, il faut bosser». Depuis, elle ne s'est plus arrêtée, jouant à l'occasion le chef de gang des enfants de la famille. Son caractère s'est forgé au gré de ses expériences, inspirée par les femmes de sa famille, «des femmes fortes qui prennent les choses à bras le corps pour leur famille et qui m'ont appris à me battre quand il faut le faire». Résultat: les filles passives, celles qui n'ont pas de «mordant», la révoltent. «On a la chance, nous, d'avoir la liberté, de vivre dans une société équitable. On n'a pas le droit de gâcher sa chance par manque d'envie de vivre. Et l'envie de vivre, pour moi, c'est l'action».
