Dans l'antre du temple Watpo
Dans la vaste salle où je me trouve, on pourrait presque entendre un bâton d'encens se consumer. La pénombre est apaisante. Ça sent bon le baume du tigre. Je suis allongée sur un drap immaculé. À ma gauche, un homme d'âge mûr. À ma droite, une jeune fille. Mais ne nous y trompons pas: nous sommes tout habillés! En fait, nous sommes trois clients du pavillon des massages du temple Wat Phra Chetuphon, ou Watpo, comme le surnomment
les habitants de Bangkok.
Abritant une monumentale statue de Bouddha couché, Watpo est le plus ancien temple de la capitale thaïlandaise. C'est aussi un des plus célèbres du royaume. En effet, au 19e siècle, le roi d'alors décide d'en faire un lieu de préservation du savoir ancestral du pays en matière de médecine traditionnelle. Puis, pour transmettre ces connaissances, un centre national d'enseignement y est fondé en 1955.
Depuis, chaque année, des milliers d'étudiants thaïlandais et étrangers viennent y apprendre les rudiments du massage traditionnel ou peaufiner leur technique. Comme je leur souhaite d'avoir Sompit Pitasingha comme enseignante!
Petit bout de femme sereine au regard rempli de bonté, la Bangkokienne m'est tout de suite sympathique. Nous nous saluons à la thaïlandaise, un rituel qui consiste à joindre les mains à la hauteur de la poitrine et à incliner la tête. Je remarque alors que les siennes sont larges et puissantes. Son visage s'illumine d'un sourire plein d'empathie, une qualité qui me semble essentielle pour qui pratique un métier où le don de soi est aussi important que le savoir-faire.
