Jocelyne Bélanger, psychologue: sa quête du bonheur
Est-on programmé pour le bonheur? À voir aller certaines personnes, je le croirais volontiers.
J'en serais même un brin jalouse tellement ces dernières semblent cheminer naturellement vers les choses qui leur font du bien. Jocelyne Bélanger, psychologue depuis 32 ans, n'a pas, non plus, été formatée pour le bien-être. Elle a appris la joie de vivre à la dure, contrainte par les événements et son moi intérieur, qui à deux reprises s'est rappelé à son bon souvenir.
Un automate devant ses obligations
La première crise est survenue il y a huit ans. Jocelyne était vice-présidente aux ressources humaines d'une grande firme québécoise, et croyait bien alors tenir en main la recette de son bonheur. «Je viens d'une génération où la carrière, ce n'était pas rien», me raconte-t-elle. «La réussite, c'était les études, le gros poste, la grosse maison. La performance était à la mode.» À 47 ans, après avoir été psychologue à son compte, puis présidente de son propre cabinet de consultation, Jocelyne atteignait le sommet de son parcours. Contre toute attente, les hauteurs professionnelles n'avaient rien d'enivrant. «J'ai été confrontée à toutes sortes de jeux politiques et autres, et je ne me suis pas reconnue du tout dans cet univers. J'ai quitté l'entreprise.»
Sa déconvenue, nous confie-t-elle, a été très douloureuse. Difficile de faire le deuil d'un poste enviable, d'une certaine image d'elle-même, d'une attente «plaquée sur elle depuis l'enfance». «Dans le fond, a-t-elle alors réalisé, on est tous programmés pour toutes sortes de bonheurs qui ne nous correspondent pas. Moi, j'étais un automate devant ses obligations.» Tout dans le devoir - «mère monoparentale, grosses responsabilités professionnelles» - et rien dans la jouissance. «Mais, est-ce que la vie ne peut pas se vivre autrement?» s'est-elle questionnée.