Plus d’un type d’insomnie
L'homme de ma vie est couché depuis cinq minutes et, déjà, il dort paisiblement (soupir d'exaspération, ici). La vie est trop injuste. Je suis jalouse, et la jalousie attise mon insomnie. Cercle vicieux, quand tu nous tiens...
Il y a une heure et demie, je m'allongeais, épuisée par ma journée de travail et convaincue que je dormirais comme un loir sitôt la tête sur l'oreiller. Mais après une demi-heure d'attente, la valse des positions a commencé. Tourne sur le côté droit. Rotation sur le ventre. Repositionnement des oreillers. Tourne sur le côté gauche. Détortillage des draps. Et ça recommence. En dernier recours, il y a toujours la position du cadavre, comme on l'appelle dans les cours de yoga. Et la litanie qui vient avec: je détends mes orteils... mes pieds... mes chevilles... (Zut! ai-je laissé mon ordinateur allumé? Angoisse.) Je détends mes mollets, mes genoux, mes cuisses... (J'ai chaud. J'ai CHAUD! Qui a fermé la fenêtre?)
Ne plus penser, voilà la solution. Méditer. N'être rien du tout. Néant. Éther. Poussière dans l'univers (perspective angoissante). Et c'est reparti!
Comme le soleil couchant qui projette des ombres démesurées sur les murs, l'insomnie grossit, étire, déforme la moindre de nos pensées. LES insomnies, devrais-je plutôt écrire, car il n'y a pas une seule forme d'insomnie. Ses variantes commencent à nous affecter surtout à la quarantaine. Et ce, pour bien des années à venir.
Moi, je souffre d'insomnie initiale: la durée d'endormissement (passage de l'état de veille à celui de sommeil) est supérieure à 30 minutes (tu parles!). Il y a aussi l'insomnie de maintien: la durée des moments d'éveil la nuit excède 30 minutes. Et l'insomnie du matin: éveil aux aurores, incapacité à se rendormir sauf, bien sûr, quatre secondes avant que le réveille-matin ne se manifeste. Mais que se passe-t-il exactement quand on est épuisées et que le sommeil refuse obstinément de venir nous alléger de notre fatigue?