Les bienfaits du stress
Étiqueté comme l'ennemi numéro un de la santé, le stress serait pourtant indispensable à notre survie. Dans son essai
Par amour du stress
, la neuropsychologue Sonia Lupien remet les pendules à l'heure et nous propose de l'apprivoiser pour mieux le déjouer.
Dans votre essai par amour du stress, Vous affirmez que ce dernier est le grand incompris de notre siècle. Pourquoi?
La majorité des ouvrages de croissance personnelle - que les femmes consomment plus que les hommes - le présentent comme un état extrêmement néfaste qu'on devrait éviter à tout prix. Je dis plutôt: «N'ayez pas peur du stress.» Ce n'est pas une maladie, il est donc inutile de
chercher à s'en guérir
. Au contraire, on a tout à gagner à le considérer comme un allié, car il est essentiel à notre survie: éliminez-le, et vous êtes morte.
En quoi le stress est-il indispensable?
Ce qu'il faut comprendre, c'est que notre cerveau est un détecteur de menaces (ce que nous appelons un stress). Lorsqu'il en décèle une, il déclenche une série d'actions pour que nous puissions réagir efficacement au danger. Il produit alors des hormones du stress - l'adrénaline et le cortisol -, qui nous permettent de mobiliser toute notre énergie pour effectuer une des deux seules choses à faire devant une menace: combattre ou fuir.
En quelques secondes, l'adrénaline agit en intensifiant les battements cardiaques, en accélérant la respiration et en stimulant la circulation sanguine vers les muscles. Quelques minutes plus tard, le cortisol envahit l'organisme et convertit les gras en sucre pour que nous puissions conserver un taux d'énergie élevé. Une fois le danger passé, en envoyant au cerveau un signal de faim, le cortisol lui indique qu'il est temps de reconstituer l'équilibre énergétique.
Les hormones du stress possèdent également la propriété d'accéder rapidement au cerveau. Elles accentuent notre vigilance et notre concentration pour nous aider à mieux analyser la menace qui est devant nous, à sélectionner les informations pertinentes et à les mémoriser. Ces nouvelles données nous permettront de savoir comment réagir face à des situations semblables dans le futur et, ainsi, de diminuer nos réponses de stress. C'est un superbe mécanisme naturel de survie de l'espèce, très bien adapté à notre corps.