Une Québécoise sur quatre est célibataire
«Je ne sais pas comment elles font. Je veux dire, celles qui vivent seules passé 40 ans», laisse tomber ma voisine de table avec une pointe de mépris qui me fait avaler ma gorgée de cappuccino de travers.
«Moi, tu sais, j'ai toujours été en couple, ajoute-t-elle d'un air entendu en s'adressant à sa copine. Sans un homme à mes côtés, je me sentirais loser ...» Loser : le mot est lâché. Suis-je étonnée? À vrai dire, pas tellement.
Certes, les temps ont changé, et les femmes sans conjoint ne sont plus stigmatisées comme à l'époque où on les qualifiait encore de «vieilles filles ». De nos jours, selon une étude menée par Statistique Canada en 2005, une Québécoise sur quatre est célibataire. Et personne ne s'en formalise.
Cela dit, j'ai tout de même l'impression qu'un discours insidieux - d'ailleurs très souvent intériorisé par les femmes elles-mêmes - persiste au sujet du célibat. À croire que, dans l'esprit de certaines, être célibataire rime avec galère. Pire: plusieurs considèrent que le choix d'évoluer en solo correspond à un profil de «célibattue» d'avance, sorte de Bridget Jones condamnée à compter les calories en attendant l'homme de sa vie...
Idéale la vie de couple?
Je me demande d'ailleurs d'où vient cet a priori selon lequel une célibataire est forcément malheureuse et qu'elle se contente de tuer le temps «en attendant » l'apparition du prince charmant. Jocelyne Bisaillon, psychologue et auteure de l'essai
Le grand amour! Est-ce pour moi?
, a sa petite idée là-dessus: «Dans certains milieux, il existe encore une pression sociale qui exhorte les femmes à être en couple ou à avoir, du moins, une liaison sentimentale. Car l'archétype de la vie de couple - avec enfants et maison - reste encore un idéal de bonheur auquel on se compare. Tant et si bien que de nombreuses femmes éprouvent un sentiment d'échec lorsque leur vie ne correspond pas à ce modèle traditionnel, même si elles le méprisent ou prétendent vouloir autre chose.»