Réinventer les résolutions du jour de l'An

Toute une année devant nous... dont nous pouvons faire ce que nous voulons! Une page blanche sur laquelle tout est à écrire.

Voilà pourquoi les résolutions du Nouvel An sont si attirantes. Mais pourquoi alors les diètes du lundi matin finissent-elles vers midi le même jour? Et pourquoi remettons-nous sans cesse à demain ce cours de piano dont nous rêvons depuis l'enfance?

À bas les illusions!
Ce qui nous rend la tâche difficile, c'est la pensée magique que nous entretenons toutes au fond de nous-mêmes: je suis capable toute seule et, si je veux vraiment, je peux! Nous entretenons l'illusion que nous pourrions être une «autre», différente et «tellement mieux!» Cette idée nous colle les épaules au plancher avant même d'avoir commencé à chercher un prof de piano.

Les médias et les gourous de la pop psychologie nous présentent souvent la réalisation de soi comme une liste de choses à faire: être en super forme physique, concrétiser ses rêves de jeunesse, entretenir une relation de couple harmonieuse, mener une carrière formidable, avoir du temps de qualité pour nos enfants performants... alouette! C'est de la bouillie pour les chats! Je sais qu'on fait toutes semblant d'être des meneuses de claques formidables; mais, dites-moi franchement, est-ce qu'on ne commence pas à avoir très sérieusement mal aux bras?
On abandonne la liste des gourous, ok? On efface tout. On respire tranquillement. Notre vie entière n'est pas à recommencer ni à virer à l'envers. Notre vie se poursuit, tout simplement. (C'est une idée reposante, non?).

«Bye Bye» de filles
Je connais un groupe d'amies qui se réunissent chaque année entre Noël et le jour de l'An. Cinq femmes qui se fréquentent depuis un bon moment, sans pour autant, se voir toutes les semaines. Quelque part autour du 28 décembre, elles soupent ensemble et font la rétrospective de leur année passée. C'est leur «Bye Bye», à elles.

À tour de rôle, elles racontent un événement de leur année, que les autres commentent, questionnent, reconnaissent. C'est l'occasion de rire à en avoir mal au ventre, mais aussi de s'émouvoir. Le récit qu'elles se font de leur année écoulée est aussi un moment pour se rappeler le courage dont elles ont fait preuve devant l'adversité et de constater l'audace de leurs élans.

Ce retour en arrière permet de relativiser tous ces drames qui vous triturent l'estomac et aussi toutes ces peurs qui se révèlent sans fondements.

Et, quand elles ont fait le tour complet de cette année, se rendent compte, comme dans la publicité de Martin Matte avec le rétroviseur, que « objects are closer than they appear ». Oui, toutes les forces insoupçonnées qui se dévoilent au grand jour dans ces histoires sont déjà en nous. Ce type de souper, c'est l'occasion de se dire: «Voilà tout ce dont nous sommes capables: courage, force, honnêteté, persévérance, solidarité», entre autres. Invitez donc vos amies à souper...

S'écrire une lettre
Une autre façon de faire le bilan à la fin d'une année et au début d'une autre, c'est de s'écrire une lettre à soi-même. Chaque année, au 31 décembre, je choisis une belle carte avec une illustration que j'aime et je rédige une lettre que je me destine. Une lettre que je lirai dans un an. Je l'écris comme si elle était destinée à ma meilleure amie: «Ma belle France... » Elle est pleine d'amitié et de compassion pour mes doutes et mes regrets, pleine d'espérance pour mes projets.

J'y fais le tour de mon année passée en soulignant mes bons coups, me rappelant mes erreurs parfois, mais sans jamais chercher à m'accabler. Au contraire, j'essaie de voir ce que j'ai appris. Je poursuis ma lettre en formulant des vœux pour la femme courageuse que je suis. Qu'est-ce que je me souhaite, en amour, pour l'année qui vient? Au plan professionnel? Quel vœu pour mon âme? Une fois terminée, je la cachette et la mets de côté jusqu'au 31 décembre prochain. Depuis quelques années, j'ai initié mes ados à cet exercice. On se fait un bon chocolat chaud, on se met de la musique et je dénoue le ruban qui retient nos quatre missives. Chacun lit sa propre lettre écrite l'année précédente. Il ne s'agit pas d'en partager le contenu avec les autres. C'est personnel. Si vous y étiez, vous nous verriez sourire... Et dans le silence qui s'installe, tous autour de la table, nous plongeons en nous-mêmes pour laisser se révéler le meilleur de ce que nous pouvons devenir.

Bonne Année!

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