Se découvrir et s’écouter
J'ai rencontré Josée Roberge il y a une dizaine d'années, alors qu'elle occupait le poste de directrice administrative dans la maison d'édition pour laquelle je travaillais.
Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts puisqu'elle est maintenant relieuse artisane : elle répare en un tournemain les livres en piètre état qu'on lui confie et crée sur demande de magnifiques reliures de cuir.
Après s'être cherchée pendant près de 25 ans, elle a enfin décidé de tourner la page à l'approche de la cinquantaine. Si tous les chemins mènent à Rome, celui qu'a emprunté Josée était tellement tortueux qu'elle a failli se perdre plusieurs fois en cours de route! « J'ai toujours été intéressée par les arts et la création, sauf que je ne savais pas précisément ce que je voulais faire », lance-t-elle d'emblée.
Particulièrement attirée par la littérature, elle s'inscrit en lettres à l'université. Elle comprend toutefois rapidement que ce n'est pas avec sa plume qu'elle volera de ses propres ailes. « C'était trop théorique pour moi et je ne voyais pas où ça allait me mener, confie-t-elle. J'ai toutefois découvert que j'étais faite pour un travail plus manuel. » Loin de se laisser abattre, Josée retourne aussitôt sa veste et suit des cours de haute couture pendant trois ans.
De fil en aiguille, elle réalise encore une fois qu'elle n'a pas vraiment envie de faire ça dans la vie. « J'aimais coudre et dessiner mes patrons, mais la mode en elle-même ne m'intéressait pas. » C'est à cette époque qu'elle fait la connaissance d'une femme qui répare et relie des livres. Un premier contact avec ce métier d'art qui la fascine littéralement. Pendant tout ce temps, histoire de gagner sa vie, Josée travaille dans l'hôtellerie - un milieu qui lui plaît en raison des horaires flexibles qu'il lui permet -, puis dans l'édition. Mais sa nouvelle passion demeure bien allumée : dans ses moments libres, elle suit des cours de reliure et apprend comment remettre à neuf les bouquins abîmés. « Le vrai déclic s'est produit au cours de cette formation, et la reliure artisanale est devenue mon dada! » s'exclame-t-elle.