Le style, c'est plus qu'une griffe!
Comme si, ainsi griffé, le vêtement devenait soudainement plus beau. Et pourtant.
Combien ai-je vu de femmes porter des créations de pied en cap et être mal fagotées? Je vais vous raconter une anecdote. Un réalisateur américain - un type qui avait la grosse tête - voulait que j'habille sa comédienne pour une campagne publicitaire. « I only want designer's brands », m'avait-il dit, le nez en l'air. Le hic, c'est que tout l'argent de la pub était réservé au salaire dudit réalisateur, ce qui ne laissait qu'un budget ridicule pour les costumes. Et le producteur de me rappeler constamment l'importance de m'en tenir à ce chiffre... dérisoire. Que faire?
Parfois, il faut ce qu'il faut...
J'ai eu recours à un subterfuge. «Il veut un nom? me suis-je dit. Eh bien, il va en avoir un.» Après avoir ratissé la ville, j'ai déniché un magnifique tailleur-pantalon qui avait tout pour plaire à cet amoureux des marques: coupe, couleur, matière. Tout... sauf le nom! Armée de petits ciseaux, j'ai décousu effrontément l'étiquette d'une vieille chemise Prada trouvée dans une friperie et je l'ai collée dans l'encolure de la nouvelle veste. Quel culot, me direz-vous. Mais, parfois, il vaut mieux avoir des tours dans son sac que des trous dans ses poches!
Après avoir effectué les retouches nécessaires pour que le vêtement tombe à la perfection et l'avoir habillé de quelques accessoires bien choisis, j'étais prête à présenter le tout au réalisateur en question. Et je me suis assurée de placer la veste de façon qu'il voie distinctement l'étiquette. « This is exactly what I want. It's fantastic! » s'est-il exclamé en détaillant le tailleur tandis que le producteur cachait son fou rire.