Atteindre le sommet de l'Everest
Que faisiez-vous le mardi 20 mai 2008, à 22 h 14? Gageons que votre emploi du temps n'aurait su rivaliser avec celui de Sylvie Fréchette (ne pas confondre avec la nageuse synchronisée). À ce moment précis (7 h 54, heure du Népal), la jeune femme de Sillery dans la région de Québec, venait d'atteindre le sommet de l'Everest. Ce jour-là, Sylvie Fréchette rejoignait le club sélect des 187 femmes ayant réussi l'exploit d'atteindre le sommet de cette mythique montagne de l'Himalaya. Après l'ultime montée depuis le col Sud, qui s'était effectué pendant la nuit, Sylvie a obtenu sa récompense: se trouver, au lever du jour, sur le toit du monde. Celle qui, dans une autre vie, a été biologiste, comptable et éducatrice scolaire auprès de petits malentendants n'était plus en cet instant magique qu'une alpiniste comblée. Une minuscule silhouette flanquée de ses sherpas, Nima et Hang, tous trois réunis sur le plus haut sommet du globe: 8850 mètres d'altitude.
La vue de là-haut
Deux mois plus tard, je retrouve Sylvie Fréchette dans un hôtel de Montréal, à l'heure du petit-déjeuner. Mince, le teint hâlé, elle paraît encore sous le coup de la grande fatigue qui a suivi son exploit. L'Everest représente tout un défi et fascine les alpinistes. Mais quelle est la vue, de là-haut? «C'est une splendeur! Il faut savoir que c'est une jeune montagne. On voit donc des pics très pointus, d'un blanc étincelant, et la lumière du matin est d'une grande pureté.» Et qu'éprouve-t-on? «Du soulagement: j'avais réussi! Même si je n'oubliais pas que je devais redescendre, je ressentais également de la fierté. Et de la reconnaissance.»
Sylvie plonge son regard dans le mien. Je comprends qu'il s'est créé un lien très fort entre cette femme dynamique et le célèbre mont. Aucune de mes questions n'est prise à la légère. «L'Everest, c'est grand, explique-t-elle. J'ai été émerveillée par le paysage, et ce type de beauté me nourrit. Mais la montagne a aussi son lot d'obstacles et de dangers: la pluie, le vent, les avalanches, le tonnerre, le froid, la très haute altitude... Ce qui m'a frappée, c'est le contraste entre les forces de la nature et la fragilité de l'être humain, pourtant capable de survivre dans les pires conditions en puisant dans ses forces intérieures. Pour moi, gravir l'Everest, ce n'était pas livrer un combat. D'ailleurs, je n'emploie jamais l'expression "vaincre l'Everest". J'ai plutôt essayé de faire corps avec lui.»
Photo: Camirand photographe