Ma première plongée profonde - Pascale Martel, 41 ans
En ce 25 juillet 2009, j'allais mater les eaux cristallines de la baie des Cochons. Mais une fois sur place, en prenant conscience que la mer m'accueillerait bientôt dans toute son immensité, j'ai senti mon coeur s'emballer.
Il fallait que je me ressaisisse à tout prix. En effet, la plongée en scaphandre ne permet ni l'anxiété ni l'erreur. Si, paniquée, je remontais trop vite, je risquais d'être victime d'un accident de décompression, qui peut se traduire par des douleurs articulaires, des saignements, une paralysie et même la mort. «Calmos», me suis-je dit. Et je suis entrée dans l'eau. D'un signe de la main, j'ai indiqué à mon guide et à mon coéquipier que j'étais prête à entreprendre la descente. C'est alors que mon incroyable odyssée aux fonds des mers a commencé.
L'ivresse de la découverte
J'ai flotté, telle une astronaute en apesanteur, au-dessus d'un abysse de 65 mètres de profondeur. Je me suis jetée dans ce néant, animée d'un sentiment de joie pure. Je me sentais légère comme à cinq ans! En chute libre dans cet indescriptible «azur», je frôlais l'extase... quand un fou rire m'a saisie. Puis j'ai ressenti des palpitations cardiaques. En consultant mon ordinateur de plongée, j'ai constaté que j'étais descendue à 40 mètres. J'avais dépassé le cap des 30 mètres, là où les plongeurs peuvent éprouver l'ivresse des profondeurs, qui les rend euphoriques ou anxieux. En remontant un peu, j'ai repris le contrôle de moi-même.
Sous mon corps minuscule, le grand bleu persistait, à perte de vue. J'avais tellement envie de m'unir à lui. Dans ma tête trottait cette petite phrase d'Einstein: «Dieu ne joue pas aux dés.» Puis, doucement, je suis revenue vers la surface, remplie de sérénité. Depuis, je porte en moi le souvenir de cette expérience. La plongée n'est pas une discipline sportive, c'est un état d'esprit...
Photo: Éric Mongeau
La version originale de cet article a été publié dans le numéro de Février-mars 2010 du magazine Vita .
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