Le choc: je dois subir une mastectomie
Ça fait deux ans, déjà, que tout ça est arrivé. Et je suis bien, enfin! J'ai retrouvé un corps qui ressemble au mien. J'arrive même à oublier le cancer, ce qui permet à mes proches de l'oublier aussi. Ce n'est pas comme si rien ne s'était passé, évidemment, mais j'ai trouvé une façon de vivre après la maladie. Je suis plus à l'aise dans l'intimité, et mon conjoint le sent. Même nue devant le miroir, c'est devenu plus facile. Sans compter que je peux maintenant porter n'importe quoi! Si je n'avais pas demandé un deuxième avis médical, à l'époque, je n'aurais probablement pas accepté la reconstruction mammaire. J'avais l'impression que tout allait trop vite...
Il y a deux ans - j'avais alors 46 ans et trois fils âgés de 14, 12 et 8 ans -, on m'a découvert un cancer au sein gauche. J'avais d'abord remarqué une bosse de la grosseur d'un petit pois, qui était passée inaperçue à la mammographie. Quand j'ai constaté qu'elle s'était légèrement étendue, j'ai commencé à m'inquiéter et j'ai demandé à passer un nouvel examen. Une ponction a révélé qu'il s'agissait d'une tumeur.
Trois semaines plus tard, j'apprenais qu'on devait la retirer et prélever des ganglions à l'aisselle gauche pour analyse. Une chance que François, mon conjoint, avait lu sur Internet qu'il valait mieux retirer le moins de ganglions possible (idéalement seulement le ganglion sentinelle), car le chirurgien les aurait tous enlevés, ce qui augmente le risque de complications. Je me suis alors mise à douter de ses compétences...
Après l'analyse de la tumeur et du ganglion, le coup de masse est tombé: j'avais un cancer localisé ( in situ ), et il restait des cellules malignes dans mon sein. Résultat: il fallait me l'enlever! Par bonheur, les ganglions axillaires n'étaient pas atteints. Même s'il n'y avait pas urgence, le chirurgien voulait procéder à la mastectomie le surlendemain et, déjà, il me parlait de reconstruction mammaire. J'étais complètement sous le choc. Je n'arrivais pas à croire que j'allais perdre un sein! Je pensais que, de nos jours, on ne faisait plus d'ablation et qu'on avait plutôt recours à la chimiothérapie ou à la radiothérapie. Chose certaine, j'avais besoin de temps pour réfléchir... et aussi d'un autre avis. Mon médecin de famille m'a alors dirigée vers une chirurgienne-oncologue, la D re Erica Patocskai.