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Mort d'un animal de compagnie - Un deuil (pas) comme les autres

Chats ou chiens, on les tient parfois pour acquis, mais le jour où ils trépassent, on se rend compte que le vide laissé par nos animaux domestiques est bien grand…

Modifié le :
2010-04-08 11:02
Publié le :
2010-04-05 15:25
Par:
Denise Sirois

Animaux de compagnie - Perte de son chat ou de son chien

J'ai toujours adoré les chattes d'Espagne, ces belles créatures au ventre blanc et au dos écaille de tortue.

Le jour où un ami m'a appelée pour me dire qu'il y en avait deux dans une animalerie de la Plaza St-Hubert, j'ai aussitôt sauté dans ma voiture pour me rendre sur place.

Les minettes en question étaient minus-cu-les: deux soeurs, l'une aux couleurs un brin délavées, l'autre à la tête séparée en deux parties égales - un côté noir, un côté tacheté d'orangé. À première vue, j'ai préféré la chatte plus pâle, au poil angora frémissant: je l'ai prise dans mes bras et elle s'est laissé faire, docile. Pendant ce temps, sa soeur trépignait dans sa cage: «Et moi?» Pourquoi lui ai-je finalement prêté attention à celle-là? Je l'ignore, mais dès l'instant où je l'ai tenue contre moi, j'ai su que c'était la mienne. Son air coquin, son énergie juvénile, sa détermination manifeste: voilà exactement ce dont j'avais besoin.

Je l'ai appelée Bambou
Après quelques semaines de minouchage intensif - je m'allongeais sur le divan et elle se pelotonnait dans mon cou -, ma minette est devenue plus sûre d'elle et, comme tant de chats, vachement indépendante. J'étais tout à fait conquise et je nous voyais couler des jours heureux et paisibles encore bien longtemps.

Le destin nous réservait pourtant quelques surprises. Moins d'un an après l'arrivée de Bambou dans ma vie, je quittais mon conjoint. Séparation douloureuse. Je me suis installée seule dans un petit appartement... avec au coeur un chagrin trop grand pour y être contenu. Je perdais tout - ou presque - de l'existence que j'avais connue avec mon ex. Il y avait cependant quelque chose que je ne voulais absolument pas laisser derrière moi: ma Bambou.

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Animaux de compagnie - Perte de son chat ou de son chien (suite)

Or, les chats détestent déménager. Certains vont même parcourir des kilomètres pour retrouver leur maison, leurs odeurs, leur confort.

Vous dire la peur que j'ai eue de perdre ma chatonne! Mais c'était mal la connaître: elle m'a suivie et s'est mise à explorer son nouveau territoire.

Trois ans plus tard, nous redéménagions, en Outaouais cette fois. Nouveau travail, nouvel amour et (surprise!) nouveau compagnon de vie: une chienne. Mon amoureux avait déjà une belle bête, un mélange de husky et de chowchow, qui portait fièrement le nom de Beauty. Comme chacun de nous tenait à son animal, nous étions prêts à tout pour que la cohabitation réussisse.

Avant même de les mettre en présence l'un de l'autre, j'ai introduit l'odeur de Beauty dans mon appartement à l'aide d'une grande serviette préalablement frottée sur son pelage. Bambou a aussi-tôt commencé à tourner autour du tissu en exprimant son mécontentement: dos courbé, poil hérissé, sifflements, la totale, quoi! Décidément, nous n'étions pas à la veille de vivre tous ensemble...

Un amoureux, une chatte, une chienne: ma nouvelle famille!
Un an plus tard, après un apprivoisement graduel, notre quatuor était enfin rodé. Nous avons emménagé dans une maison avec une jolie cour - une première pour Bambou, qui n'avait connu que des balcons depuis sa naissance!

Durant les sept années suivantes, le toutou de 65 livres et la chatte de 8 livres ont partagé le même espace. Un peu sur la défensive au début puis, au fil du temps, de plus en plus complices. À l'heure des repas, Bambou se pointait toujours en premier pour grignoter dans le bol de Beauty, qui attendait patiemment qu'elle lui cède la place. Et à l'extérieur, la chienne s'allongeait près de sa niche pendant que la chatte trônait sur le toit. Elles nous faisaient rire, elles nous suivaient partout, elles étaient notre petite famille.

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Animaux de compagnie - Perte de son chat ou de son chien (suite et fin)

Et puis un jour, j'ai remarqué que Bambou urinait souvent et perdait du poids.

Quand le vétérinaire m'a annoncé qu'elle souffrait d'hyperthyroïdie et qu'elle mourrait d'une crise cardiaque si elle ne tolérait pas le médicament prescrit, c'est comme si on m'avait donné un coup au plexus. Dans mon scénario de vie, je nous imaginais déjà - moi à la retraite, Bambou à mes côtés - nous reposant toutes les deux au jardin. Et là, on venait de m'apprendre que mon film risquait de finir autrement...

Je crois que mon deuil a commencé ce jour-là. Au début, dès que l'idée de sa mort m'effleurait l'esprit, je la chassais prestement, comme une pensée absurde. Puis est venue la colère: pourquoi elle? pourquoi moi? Ensuite, j'ai tenté de parlementer avec le sort (si je diminuais la dose du médicament, ma chatte pourrait peut-être mieux le supporter?) mais sans aucun résultat. En moins d'un an, Bambou a dépéri: elle respirait difficilement et devait s'arrêter dès qu'elle réussissait à faire quelques pas. J'ai dû me rendre à l'évidence: son heure était venue.

La mort est un mystère...
Elle nous laisse sans voix, l'esprit égaré, le coeur dans l'eau. Quand je suis rentrée après une dernière visite chez le vétérinaire, la maison était d'un vide sans nom. Pas de minette qui s'étire langoureusement, tirée de son sommeil, et qui réclame la porte pour sortir. J'avais perdu mon comité d'accueil, ma Bambou, ma poupée.

Je n'ai pas voulu de ses cendres. J'ai refusé toute forme de rituel. Je sais que certaines personnes en ont besoin, comme mon ami qui a congelé la dépouille de son chat avant d'aller l'enterrer loin dans le Nord, à son chalet. Pas question d'enterrement pour moi. Je préférais me rappeler de Bambou vivante, espiègle et enjouée.

J'ai donné sa cage de transport, sa nourriture, ses jouets. Pendant des semaines, j'ai continué à lui dire «Allo!» en rentrant à la maison. Aujourd'hui encore, quand je m'installe pour lire, le soir, elle saute parfois sur le lit et vient se blottir contre moi. Et c'est, chaque fois, d'une infinie douceur.

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La version longue de cet article a été publiée dans le numéro de Février-mars 2010 du magazine Vita .

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Commentaires

  • mariepier87 a écrit :

    2010-04-06 8:38 PM

    J'ai un jour perdu ma chatte aussi et j'ai trouvé ce deuill très difficile à faire bien que je n'ai encore perdu personne dans ma vie. Un animal est un ami, un confident et ne demande rien en retour. C'est indescriptible l'amour que l'on porte à nos animaux. Alors, il faut profiter du moment présent avec nos petites bêtes car, comme nos proches, ils partiront un jour.
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