Garder une bonne relation avec son ex

Ça y est, la séparation est imminente. En plus d'avoir à gérer toutes les émotions qu'une telle situation génère (tristesse, colère, culpabilité, etc.), on sait qu'on ne pourra pas tourner le dos au père de nos enfants. «La première chose que je conseille est d'aller en médiation», affirme François St Père , psychologue et médiateur familial. Même si on se sépare en douceur et qu'on croit pouvoir s'entendre à l'amiable, les séances de médiation* peuvent s'avérer utiles. «Elles aident à clarifier les choses et à éviter toute surprise ou malentendu», précise le psychologue.

Idéalement, on devrait avoir réglé les questions d'ordre pratique (garde des enfants, pension, etc.) avant même d'annoncer la nouvelle aux enfants de façon à pouvoir répondre à leurs questions. Et aussi à éviter les tribunaux. «Régler un divorce devant les tribunaux peut être très long et générer beaucoup de tension, ce qui ne contribue pas nécessairement à une bonne relation entre ex-conjoints», souligne François St Père.

Première mission: travailler sur soi

Une séparation n'implique pas que des questions d'ordre pratique. Elle est souvent douloureuse, parfois très difficile à surmonter émotionnellement. «Il ne faut pas être surpris ni se sentir coupable si on a de la difficulté à gérer la situation, surtout au début, c'est normal», insiste Yves Dalpé , psychologue. En fait, l'une des premières choses à faire serait de prendre soin de soi, d'assimiler la situation, de faire son deuil. «Les enfants qui vivent le moins bien la séparation sont ceux dont les parents n'acceptent pas cette dernière et entretiennent de l'agressivité à l'égard de l'autre parent», constate Yves Dalpé. Aussi faut-il tout mettre en œuvre pour «guérir» de notre séparation .

Mieux on se portera, meilleures seront les dispositions dans lesquelles nous serons à l'égard de notre ex, et plus les enfants auront de chances de bien vivre la situation. «La réaction des enfants dépend beaucoup de celle des parents», remarque François St Père. Bien entendu, faire son deuil exige du temps, et d'ici là on devra apprendre à vivre au mieux la relation parentale.

* Légalement, un couple avec enfants a droit à six séances de médiation gratuites .Ces dernières ont pour but d'arriver à une entente équitable et viable pour tous les membres de la famille. Bien que ces séances ne soient pas obligatoires, les couples avec enfants doivent assister à au moins une séance d'information sur la médiation.

La clé: la communication

Concrètement, comment peut-on préserver (ou développer) des relations cordiales avec son ex? « Respect, conciliation, flexibilité », lance François St Père. On s'abstiendra ainsi de parler contre lui devant ses enfants, cela les plongerait au cœur d'un conflit de loyauté et les rendrait malheureux. Si on a besoin de se vider le cœur, on parlera plutôt à une amie ou à un professionnel. «Nos enfants ne sont pas nos confidents ni nos amis!», rappelle Yves Dalpé.

Une autre erreur à éviter: ne pas respecter l'entente établie au départ. Si on doit ramener nos rejetons à leur père à 17 heures, arriver trois heures plus tard risquerait d'entraîner une dispute inutile, sans compter que ce retard chamboulerait peut-être le programme de l'autre. «Si on pense être en retard ou ne pas pouvoir prendre les enfants le jour prévu, on avertit d'avance l'autre parent. C'est une question de respect», ajoute François St Père.

Par ailleurs, il est fort probable que, sous certains aspects, on ne soit pas d'accord avec la façon dont notre ex s'occupe des enfants. Par exemple, en les faisant coucher plus tard que d'habitude, en leur permettant de jouer aux jeux vidéo le soir, etc. C'est à ce moment qu'on doit se montrer conciliant. À moins que ses agissements soient vraiment inacceptables, notre ex est en droit d'élever les enfants comme il l'entend. Et vice versa. «Idéalement, on tente d'établir une certaine homogénéité dans les deux foyers (heure du dodo, permissions accordées, etc.), dit François St Père. C'est rassurant pour les enfants, surtout s'ils sont petits.»

Le psychologue convient cependant que cela ne sera pas toujours possible, d'où la nécessité de mettre de l'eau dans son vin et de faire preuve de tolérance. La tolérance sera sans doute aussi de mise lorsque notre ex aura une nouvelle conjointe! Jalousie, désaccord, crainte... Si on s'entendait assez bien avec notre ex, la nouvelle arrivée risque de brouiller un peu les cartes. «Si notre enfant développe une bonne relation avec la nouvelle conjointe de notre ex, il ne faut pas se sentir menacée, affirme François St-Père. Notre enfant ne nous en aimera pas moins.» Dans tous les cas, la communication demeure la clé d'une bonne entente parentale. Cela n'ira pas toujours sans heurts, mais le bien-être de nos enfants devrait nous motiver suffisamment pour y travailler.

Pour aller plus loin

Mes parents se séparent, et moi alors?, Nadia Gagnier, La Presse, 2010, 16,95 $
Conflits coparentaux après... séparation , Élizabeth S. Thayer et Jeffrey Zimmerman, Broquet, 2008, 19,95$
Les parents se séparent..., Cloutier et Al, Sainte-Justine, 2001,
14,95$


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