Séparation et divorce: Plus difficile à vivre pour les hommes?
«La peine d'amour est le premier motif de suicide des hommes quel que soit leur âge», rappelle Yvon Dallaire, psychologue, sexologue et auteur. «Contrairement à la croyance populaire, les hommes sont plus sensibles que les femmes, poursuit-il. Ils réagissent plus fortement qu'elles à des situations émotives et stressantes. Sauf qu'ils ont tendance à taire et contenir leurs réactions et émotions, jusqu'à ce qu'elles explosent, contre eux: ils se suicident, se lancent dans le travail, le sport, l'alcool, la drogue, le jeu... Ou dans des éclats de violence contre les autres, et des drames se produisent...»
Derrière ces drames se cachent souvent des hommes qui souffrent de l'angoisse d'abandon. «Ils ont peur, note Suzanne Léveillée, professeure de psychologie à l'Université du Québec à Trois-Rivières et spécialiste des drames familiaux. Ils sont incapables de vivre la perte, incapables de composer avec le fait que leur conjointe leur échappe. Ils associent son départ à une perte de contrôle», dit-elle en parlant de ceux qui recherchent le contrôle d'eux-mêmes et de l'autre, de perfectionnistes qui peuvent user de violence psychologique.
«Souvent, ceux qui ont le plus de mal à prendre la séparation vivent une relation de dépendance», avance Yvon Dallaire. La rupture les plonge dans un manque terrible. Plus le couple est fusionnel, codépendant, plus le regard de l'autre est important, et plus les réactions seront intenses en cas de séparation. Selon le psychologue, quoi qu'on en pense, les hommes s'engagent fortement dans leur couple, mais à leur façon. Par leur travail, entre autres, dont ils partagent le fruit avec ceux qu'ils aiment. «Pour nombre d'entre eux, la fin du couple et l'éclatement de la famille signifient la perte de leur raison de vivre et de travailler», ajoute-t-il.
Surtout qu'ils sont souvent surpris par le départ de leur conjointe. Ils ne l'ont pas vu venir malgré les indices, les mises en garde répétées. «Les hommes se plaignent que leur femme ne cesse de critiquer, observe tous les jours Yvon Dallaire. Tellement qu'ils finissent par se protéger en ne les écoutant plus.»