Table ronde - Esclave ou maîtresse de notre beauté?
Réunies pour parler beauté:
- Geneviève St-Germain, journaliste, 52 ans
- Marie Saint Pierre, créatrice de mode, 48 ans
- Denise Bombardier, auteure, animatrice et journaliste, 69 ans
- Rachida Azdouz, psychologue et vice-doyenne à la Faculté d'éducation permanente de l'Université de Montréal, 48 ans
- Nathalie Collard, journaliste, 43 ans
RACHIDA AZDOUZ D'une certaine façon, nous sommes devenues maîtresses de notre beauté.
De nos jours, les femmes revendiquent le droit au bonheur, à l'amour à tout âge et aussi à la beauté. Mais en même temps, je ne suis pas certaine qu'on soit si «maîtresses» que ça... Car les femmes préfèrent se voir comme des maîtresses plutôt que comme des esclaves.
DENISE BOMBARDIER Moi, je crois que la beauté est la première discrimination, qu'on ne peut contourner par une charte des droits. C'est dur, mais c'est comme ça. Les gens qui sont beaux ont un avantage dès le départ. Cela dit, je trouve que la préoccupation du corps est devenue infiniment plus importante aujourd'hui, en dépit du discours qui prétend que les femmes contrôlent leur beauté... En fait, elles utilisent encore plus tous les moyens dont elles disposent à cet égard. Quand je vois de belles jeunes filles se faire refaire le nez, avec les conséquences tragiques que ça peut avoir, ou encore de jeunes journalistes, que je côtoie, toujours à replacer leurs cheveux ou à retoucher leur maquillage, ne me dites pas qu'il y a eu évolution. C'est le contraire!
GENEVIÈVE ST-GERMAIN J'irais encore plus loin que vous, Denise: je pense que, pour une femme, ne pas avoir un minimum de joliesse est un drame. On dit que les femmes ont plus de pouvoir, mais je trouve qu'elles ont aussi plus de contraintes. Et jamais ces contraintes liées à la beauté n'ont autant pesé sur elles. Sur ce plan-là, je crois qu'on a atteint un sommet.