Comment mettre fin à sa thérapie?
« Je pense que je vais mieux . »
J'étais plantée devant mon miroir, et ça faisait au moins cinq minutes que je répétais cette foutue phrase.
Manifestement, je devais retravailler l'intonation: on aurait dit une enfant qui jure ne pas avoir mangé les framboises réservées au dessert, alors qu'elle a encore des graines de fruits coincées entre les dents! Mais au-delà du ton que j'espérais donner à mon affirmation, j'étais certaine d'une chose: je voulais rompre. Je devais rompre! Et mettre un terme définitif à ces visites hebdomadaires chez mon psy.
Quand je suis venue le consulter, neuf mois plus tôt, j'avais l'impression de porter le monde entier sur mes épaules. Au travail comme dans la vie, chacun se confiait à moi et, bien que j'avais tendance à susciter moi-même ces confidences envahissantes, je trouvais que la situation était devenue franchement insupportable.
Je m'étais installée sur son canapé pour la première fois alors que l'été battait son plein et, à l'approche de Noël, j'ai constaté que je tournais en rond. Et je réalisais très bien pourquoi...
À l'aise dès le début des consultations, j'avais déversé avec grand fracas tout mon malêtre dans son bureau. Mon psy encaissait tout sans broncher, c'était génial!
Et puis un jour, très subtilement, sans trop savoir comment ça s'est passé, je me suis sentie jugée pendant qu'il m'écoutait. Il n'a rien dit, pourtant. Il a suffi d'un regard désapprobateur, peut-être, qui lui a échappé... Toujours est-il qu'en l'espace d'une nanoseconde, une distance venait de se créer entre nous. Je me suis aussitôt refermée, comme une huître.
Il a bien essayé de rattraper la fraction de seconde en question, mais le mal était fait. La confiance ayant ceci de particulier qu'elle fait rarement marche arrière, ma thérapie est alors devenue un sujet... de thérapie. Mais je n'arrivais pas à lui avouer mon malaise!