Les listes: utiles ou futiles?
Comme l'héroïne de La liste de mes envies , le très beau roman de Grégoire Delacourt paru il y a quelques mois chez JC Lattès, on a parfois tendance à noter sur un bout de papier ou dans un carnet ce dont on a réellement besoin (des torchons, du shampoing, un soutien-gorge de sport, des oeufs), ce qu'on aimerait bien pouvoir s'offrir (un sac Chanel, des cours d'espagnol, un nouveau four à micro-ondes, des vacances à Cuba) ou ce qu'on rêve de réaliser un jour (faire le tour du monde, écrire un roman, jouer du violon, jogger chaque matin).
Mais pour certaines, dresser des listes est carrément devenu une seconde nature. «Je m'y suis mise à l'époque où je travaillais 10 heures par jour dans une agence de pub, avec un bébé de 16 mois et un mari en burnout qui m'attendaient à la maison, dit Lillian, une gestionnaire Web de 38 ans. Le soir, j'avais la tête tellement pleine que je n'arrivais pas à m'endormir. Une de mes collègues m'a alors conseillé de coucher sur papier la liste des to do du lendemain pour me désencombrer l'esprit. Ç'a été miraculeux: non seulement j'ai retrouvé le sommeil, mais je n'oubliais presque plus rien!»
Utiles ou futiles?
Les listes sont en effet de fantastiques aide-mémoires. Grâce à elles, on sait exactement ce qu'il faut acheter au supermarché, on ne part pas dans le Sud sans gougounes ni Imodium, et on se souvient de payer Hydro ou de renouveler notre carte d'assurance maladie au bon moment. Encore mieux, elles peuvent nous aider à
optimiser notre temps
. «Quand on écrit noir sur blanc les principaux objectifs de notre journée, on y voit tout de suite plus clair, explique la coach de transition Céline Chabée. En établissant nos priorités, on gagne ensuite en efficacité et en productivité: plus on est organisée, plus on a de chances d'atteindre les buts qu'on s'est fixés.»
Ce faisant, les listes nous permettent aussi d'exercer un certain contrôle sur le déroulement de notre quotidien. «Celles qui les collectionnent ont besoin de mener une vie bien planifiée afin de laisser le moins de place possible aux imprévus ou aux situations anxiogènes, précise Éveline Marcil-Denault, psychologue organisationnelle. Comme elles sont généralement angoissées de nature, savoir ce qui s'en vient leur enlève un stress énorme, car elles auront ainsi une certaine emprise sur le cours des évènements et de leur existence.» Charlène, une ingénieure de 43 ans, le confirme. «Sans listes, je serais carrément incapable de fonctionner. Dès que j'en entame une nouvelle, je libère instantanément une partie des tensions qui m'habitent parce que j'ordonne à la fois mes idées et les tâches qui m'attendent. Je déteste nager dans le flou ou me laisser submerger par les obligations; pour régler le problème à la source, j'essaie de programmer tout ce que je peux. Du reste, j'adore rayer un à un les éléments de ma liste. C'est valorisant et ça m'encourage à continuer sur ma lancée.»