L'annonce d'un diagnostic
J'étais déjà la maman comblée de Simone, trois ans et demi, quand j'ai donné naissance à ma deuxième fille, en 1994. Marianne était un bébé adorable, très tranquille, et je l'ai longtemps bercée en lui chantant des chansons. C'étaient des moments de pur bonheur. Lorsqu'elle a fait ses premiers pas, vers l'âge d'un an, c'est à la course qu'elle s'y est attelée. Déjà fort active, elle bougeait beaucoup.
À deux ans, Marianne parlait peu. Je me souviens que ça m'agaçait quand les gens comparaient la petite à sa grande soeur: chaque enfant progresse à son propre rythme, après tout! Quelques mois plus tard, je me suis rendue à la clinique avec Marianne, qui était enrhumée. En l'examinant, le pédiatre s'est interrogé sur l'évolution de son langage. Il m'a alors proposé une consultation en orthophonie.
C'est dans le bureau de l'orthophoniste que j'ai appris qu'un retard de langage traduit souvent un problème plus important. À ce moment-là, j'ai eu l'impression d'avoir mis le pied sur la première marche d'un escalier roulant qui allait m'emmener très loin et qui ne s'arrêterait jamais. La ronde des cabinets de spécialistes venait de s'enclencher.
Cette ronde étourdissante s'est soldée par une série de diagnostics: retard de langage, dysphasie, trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH) ... Et la scolarité de Marianne n'était même pas encore amorcée! Quand elle a commencé à fréquenter l'école, les évaluations ont continué. Orthopédagogue, neuropsychologue, classe de langage pendant deux ans, prescription de Ritalin, puis intégration dans une autre classe pour difficultés graves d'apprentissage. On n'arrête pas de chercher à identifier le problème dans le but de trouver une solution ou un remède. Puis, un jour, le couperet tombe: déficience intellectuelle légère.
J'ai cru que le monde s'écroulait autour de moi. J'avais beau m'accrocher au qualificatif «légère», j'étais complètement atterrée. J'ai vécu cette annonce comme une véritable catastrophe et je me suis mise à avoir peur de tout et de rien. Dieu merci, Yves et moi formions un couple solide. Et mon conjoint m'apaisait en répétant que le diagnostic n'était qu'une série de mots qui ne changeaient ni la réalité, ni le caractère unique de notre fille, ni l'amour que nous lui portions.