Geneviève Brouillette, la justicière
Durant la séance photos, Geneviève Brouillette joue à la perfection son rôle de «rock star» bardée de cuir noir. On croirait la comédienne parfaitement à l'aise, perchée sur ces talons qui magnifient sa taille déjà haute. Pourtant, à mi-chemin de l'entretien, quand, avec un soulagement manifeste, elle retirera ces bottes cuissardes et se rhabillera «en Geneviève», je serai frappée par sa complète métamorphose. Au naturel, avec sa camisole, son short et ses tennis turquoise, l'actrice a l'allure d'une adolescente.
En entrevue, la vedette d' Apparences semble d'une grande simplicité et d'une parfaite candeur, parfois même trop à son goût. À la fin de notre conversation, elle se reprochera en effet d'avoir été « trop transparente» comme toujours, d'avoir partagé ouvertement ses insécurités d'actrice. Une spontanéité qui la rend attachante.
La justicière
Sans Geneviève Brouillette,
L'affaire Dumont
n'existerait probablement pas. Ce film basé sur un drame véridique, c'est son idée et elle en a assuré les démarches initiales. La comédienne avait déjà été touchée par l'histoire de Michel Dumont, entendue à la radio, lorsque le hasard lui a fait croiser une proche de cet homme injustement accusé de viol. Saisie par la nature cinématographique de son expérience, elle s'organise pour le rencontrer et est alors frappée par la puissance du lien unissant l'ancien détenu et sa femme, Solange, qu'il a connue après avoir fait appel de sa condamnation. «C'est cet amour-là qui l'a sauvé. Elle lui a fait confiance. Bien qu'elle n'ait pas beaucoup d'instruction, Solange a décortiqué toutes les minutes du procès, tous les rapports de police pour voir ce qui ne marchait pas. Et elle a réussi à convaincre un avocat de reprendre sa cause à zéro... Elle s'est battue bec et ongles pour son homme.»
Convaincue, la comédienne s'est ensuite démenée pendant trois ans afin de braquer les projecteurs de cinéma sur cette grande erreur judiciaire. Encore aujourd'hui, Geneviève Brouillette ne s'explique pas complètement l'impulsion qui l'a poussée. «L'injustice me révolte énormément. Ces gens ont vécu un cauchemar, ça m'a bouleversée. Et quand on voit au cinéma des drames judiciaires où ce genre de choses arrivent, ils se passent toujours aux États-Unis ou en Europe. Mais ici aussi, ça se peut! Je n'arrêtais donc pas d'y penser. C'était comme un élan qui me dépassait, une espèce d'appel qui me disait: "Fonce, il y a quelque chose là, il faut que tu le fasses." Je ne savais pas du tout comment je m'y prendrais, mais c'était une intuition très forte, alors je l'ai suivie.»
