Jouissance qualitative
Quel genre d'orgasme est le plus prisé dans le plaisir solitaire?
Lorsqu'elles sont seules, les femmes déclenchent leur plaisir en se caressant le clitoris, qui est une zone richement innervée, alors que le vagin est peu sensible. Cette stimulation provoque un orgasme qu'elles décrivent comme intense, très aigu, électrique. La pénétration est rarement pratiquée dans la masturbation. L'orgasme vaginal résultant d'un rapport sexuel représente une sensation profonde très différente. Les femmes la décrivent comme moins intense, mais bien plus satisfaisante que l'orgasme clitoridien obtenu par masturbation. Physiologiquement, l'orgasme du coït mêle des sensations à la fois vaginales et clitoridiennes. Mais surtout, il est ressenti dans un contexte qui implique l'homme, son contact, son poids, sa chaleur: l'intimité avec le partenaire apporte un bien-être sans commune mesure avec celui que procure l'orgasme clitoridien de la masturbation.
Certaines techniques de masturbation sont-elles meilleures que d'autres pour jouir plus vite et plus fort?
En fonction de leur expérience, les femmes découvrent les formes de caresses qui leur conviennent. Dans l'ensemble, elles préfèrent leurs doigts à tout instrument, mais peuvent rechercher des frottements, apprécier des positions, tenues ou lieux particuliers. Le contexte compte davantage pour elles que pour les hommes: intimité d'une chambre, d'une salle de bains, d'un miroir, contacts d'étoffes... Mais à la différence de ces derniers, elles se soucient peu de techniques et de performance. N'est-on pas en train de transposer dans la sexualité féminine, plutôt qualitative, des questions liées à la sexualité masculine, plutôt quantitative?
Que pensez-vous des vibromasseurs?
La stimulation clitoridienne à l'aide d'un vibromasseur peut être très agréable. Cependant, ces jouets sont peu utilisés pour la pénétration dans le plaisir solitaire, car c'est alors l'orgasme clitoridien qui est davantage recherché. Certaines femmes peuvent éprouver avec ces appareils des sensations exceptionnelles dans leurs jouissances en solo, mais elles sont rares et la majorité ne les utilise que pour s'adonner à des jeux partagés avec leur compagnon. En dehors de ce contexte, beaucoup les trouvent froids, mécaniques, artificiels: elles n'aiment pas mêler un instrument à leur plaisir, surtout quand elles sont seules.
Est-il normal de ne pas fantasmer quand on se masturbe?
Le fantasme est un scénario, c'est-à-dire une mise en scène qui convient mieux à la sexualité masculine, sensible aux stimuli visuels. La sexualité féminine est ressentie dans des contacts, des odeurs, des stimuli de proximité qui s'y prêtent moins. Les femmes s'émeuvent par des lectures, des films , des souvenirs qui les placent dans des situations de désir. Voilà pourquoi la masturbation vient accomplir ce dernier sans nécessairement être accompagnée de fantasmes clairs.
Pour en savoir plus:
Sex æquo,
de Jean-Paul Mialet, Albin Michel, 2011, 32,95$
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