Miser sur la vie
Apprendre à déléguer
Une belle philosophie pour quelqu'un qui a souvent dû remuer ciel et terre pour prouver qu'elle était capable, qu'elle savait se battre. Son admirable parcours en témoigne. Pourtant, assise devant elle, je vois bien que quelque chose a changé et je le lui dis. Elle n'est pas surprise de ma remarque. «J'ai envie de déléguer, confie-t-elle. J'ai tellement dépensé d'énergie pour me faire ma place. Et puis, à force de valoriser l'entraide et le partage, j'imagine que ça m'a transformée. Désormais, je choisis mieux mes batailles. Je n'ai plus besoin de tout gagner. Par exemple, je suis fière de mon rôle dans Lance et compte, mais si je ne joue plus, je n'en mourrai pas.»
Chantal reconnaît que ce changement d'attitude est venu avec la maturité. «À 30 ans, j'avais tellement de choses à réaliser, à prouver. Je me mesurais beaucoup aux autres. La quarantaine m'a permis de mettre en pratique le fameux lâcher-prise, ce qui a été salutaire dans ma vie personnelle et professionnelle.
Plus jeune, au bureau, je prenais toutes les décisions, je voulais garder le contrôle. Aujourd'hui, je fais de la place aux autres. Pour une fille comme moi, ç'a été tout un exercice! Maintenant, je vois des personnes évoluer et s'épanouir en travaillant avec moi. Les voir réussir est une nouvelle source de joie.
De plus, j'ai appris à développer la solidarité. C'est facile de prôner la coopération quand on est la boss! Le secret, c'est d'accorder de la latitude à l'autre en lui disant: "Fais les choses à ta manière, je te soutiens!" Ça demande de croire en soi, d'abord et avant tout. Je pense avoir atteint l'âge de l'équilibre. Je comprends que la confiance en soi est une force et qu'avoir confiance en l'autre est une liberté. Et cette liberté-là, je la veux.»