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Chantal Lacroix - La vie et rien d'autre

Elle était rousse, la voilà blonde. Chantal Lacroix a mis de la couleur dans sa vie et une croix sur ses soucis.

Modifié le :
2009-08-03 08:49
Publié le :
2009-07-31 09:34
Par:
Josée Larivée

Manon Boyer

Au tour de Chantal Lacroix de recevoir!

Le monde s'écroule
Il faisait encore nuit lorsque le téléphone a sonné. C'était en janvier, l'année dernière. Au bout du fil, la recherchiste d'une émission de radio matinale parlait de dettes et de faillite. À moitié endormie, Chantal Lacroix n'arrivait pas à comprendre comment les médias étaient déjà au courant. TQS devait 845 000 $ à Kenya, sa boîte de production et la chaîne de télévision ne pourrait satisfaire à ses obligations. La nouvelle s'était ébruitée et faisait la une d'un grand quotidien montréalais. Une journée horrible s'annonçait pour la populaire productrice et animatrice.


Quelques mois plus tôt, Chantal avait consenti à attendre un peu avant d'être payée par le Mouton noir. Parce qu'elle fait partie de ces femmes qui croient en leurs semblables, en la vie et au destin. Et à de petits miracles. «Jusque-là, m'avoue-t-elle, j'avais espéré que les choses s'arrangent. Même mes parents n'étaient pas au courant.» Je sais que c'est sans doute ce qui lui faisait le plus mal. Un million de dollars, c'est peu de chose si on compare ça à la maladie ou à la souffrance d'un proche. «Après avoir ouvert son journal, mon père a réveillé ma mère. "Fais pas le saut, lui a-t-il dit, Chantal fait la une ce matin. Et c'est pas une bonne nouvelle!" J'ai ensuite réuni mon équipe et, ensemble, on s'est mis au travail.»

Ensemble
Dans ce petit mot, il y a tout l'univers de cette «fille de gang». Enfant unique, elle a grandi dans un foyer où son père, chef syndicaliste, avait le sens de l'entraide. «Chez nous, il y avait toujours du monde à table, se souvient-elle. Quand quelqu'un était mal pris, on le gardait pour la nuit.» À 43 ans, c'est ainsi que Chantal mène sa barque. Volontaire, déterminée, énergique, dynamique et toujours prête à rendre les autres heureux. Mais là, c'est elle qui avait besoin d'aide. Des gens de l'industrie m'ont offert leur soutien.» Une chaîne humaine s'est formée pour l'aider. La conceptrice de Donnez au suivant venait de prendre la juste mesure du mouvement qu'elle avait elle-même amorcé.

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Manon Boyer

Miser sur la vie

Ces dernières années, Chantal Lacroix a révolutionné notre télévision en proposant des concepts d'émission axés sur l'altruisme et la générosité. «Si je devais mourir demain, j'aurais la certitude d'avoir vécu en accord avec moi-même. J'ai cru en tout ce que j'ai produit. Je pense que mon travail a fait du bien au public, même si c'est à très petite échelle. Pour moi, c'est ça, le sens de la vie.»


Apprendre à déléguer

Une belle philosophie pour quelqu'un qui a souvent dû remuer ciel et terre pour prouver qu'elle était capable, qu'elle savait se battre. Son admirable parcours en témoigne. Pourtant, assise devant elle, je vois bien que quelque chose a changé et je le lui dis. Elle n'est pas surprise de ma remarque. «J'ai envie de déléguer, confie-t-elle. J'ai tellement dépensé d'énergie pour me faire ma place. Et puis, à force de valoriser l'entraide et le partage, j'imagine que ça m'a transformée. Désormais, je choisis mieux mes batailles. Je n'ai plus besoin de tout gagner. Par exemple, je suis fière de mon rôle dans Lance et compte, mais si je ne joue plus, je n'en mourrai pas.»

Chantal reconnaît que ce changement d'attitude est venu avec la maturité. «À 30 ans, j'avais tellement de choses à réaliser, à prouver. Je me mesurais beaucoup aux autres. La quarantaine m'a permis de mettre en pratique le fameux lâcher-prise, ce qui a été salutaire dans ma vie personnelle et professionnelle.

Plus jeune, au bureau, je prenais toutes les décisions, je voulais garder le contrôle. Aujourd'hui, je fais de la place aux autres. Pour une fille comme moi, ç'a été tout un exercice! Maintenant, je vois des personnes évoluer et s'épanouir en travaillant avec moi. Les voir réussir est une nouvelle source de joie.

De plus, j'ai appris à développer la solidarité. C'est facile de prôner la coopération quand on est la boss! Le secret, c'est d'accorder de la latitude à l'autre en lui disant: "Fais les choses à ta manière, je te soutiens!" Ça demande de croire en soi, d'abord et avant tout. Je pense avoir atteint l'âge de l'équilibre. Je comprends que la confiance en soi est une force et qu'avoir confiance en l'autre est une liberté. Et cette liberté-là, je la veux.»

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Manon Boyer

Sa mission: Changer le monde!

Qu'on se le tienne pour dit: en blondissant sa chevelure, l'ex-tornade rousse n'a rien perdu de sa puissance ni de son leadership. Sur l'échiquier des affaires, Chantal Lacroix demeure une redoutable guerrière. Depuis ses débuts, elle est restée fidèle à son objectif: faire de la télévision pour changer le monde. «J'ai toujours pensé que si on montrait la guerre et la violence au petit écran, on pouvait aussi parler d'amour et de partage. Et je pense que je l'ai prouvé. Je tiens à ce que la télé soit proche des gens, qu'elle leur ressemble et qu'elle parle leur langage. Et j'adhère entièrement aux valeurs qui sont véhiculées dans mes émissions. L'aventure est trop exigeante pour qu'il en soit autrement.»

Faire de la place dans sa vie
Exigeante, Chantal l'est d'abord envers elle-même. Il n'y a pas si longtemps, elle se donnait corps et âme à son travail. Le soir, son conjoint la retrouvait souvent complètement vidée. En cours de procédure d'adoption depuis plus d'un an et demi, elle et Denis prévoient accueillir leur fillette l'été prochain. «J'ai dit dans une entrevue que je me voyais très bien rester à la maison pendant un an. Quand Denis a lu l'article, il m'a dit: "Chantal, tu ne penses pas vraiment ce que tu as dit?"

Quand on est confrontée à des épreuves [après la chute de TQS, sa mère a appris qu'elle avait un cancer], on comprend que le temps qui passe ne revient jamais. Je sais désormais qu'il est important de m'entourer de personnes compétentes et de réduire mes exigences. Je ne suis pas parfaite et je ne fais pas les choses parfaitement! Le ménage peut bien attendre si je décide de m'évader avec mon chum et de vivre un moment de bonheur. Pour la première fois, je me choisis, moi. J'apprends à dire non en sachant qu'on va m'aimer pareil!»

Chantal prend une pause, réfléchit, puis me regarde solennellement. «Je me rends compte que je suis en train de faire de la place à notre enfant. Inconsciemment, en déléguant et en cédant du pouvoir, je prépare le terrain.» Elle sourit. «Je remercie la vie de m'avoir fait comprendre ça... Au rythme où j'allais, j'aurais très bien pu passer à côté!

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Photo:
Manon Boyer, photographe

La version longue de cet article a été publiée dans le numéro de février-mars de Vita .

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