Au tour de Chantal Lacroix de recevoir!
Il faisait encore nuit lorsque le téléphone a sonné. C'était en janvier, l'année dernière. Au bout du fil, la recherchiste d'une émission de radio matinale parlait de dettes et de faillite. À moitié endormie, Chantal Lacroix n'arrivait pas à comprendre comment les médias étaient déjà au courant. TQS devait 845 000 $ à Kenya, sa boîte de production et la chaîne de télévision ne pourrait satisfaire à ses obligations. La nouvelle s'était ébruitée et faisait la une d'un grand quotidien montréalais. Une journée horrible s'annonçait pour la populaire productrice et animatrice.
Quelques mois plus tôt, Chantal avait consenti à attendre un peu avant d'être payée par le Mouton noir. Parce qu'elle fait partie de ces femmes qui croient en leurs semblables, en la vie et au destin. Et à de petits miracles. «Jusque-là, m'avoue-t-elle, j'avais espéré que les choses s'arrangent. Même mes parents n'étaient pas au courant.» Je sais que c'est sans doute ce qui lui faisait le plus mal. Un million de dollars, c'est peu de chose si on compare ça à la maladie ou à la souffrance d'un proche. «Après avoir ouvert son journal, mon père a réveillé ma mère. "Fais pas le saut, lui a-t-il dit, Chantal fait la une ce matin. Et c'est pas une bonne nouvelle!" J'ai ensuite réuni mon équipe et, ensemble, on s'est mis au travail.»
Ensemble
Dans ce petit mot, il y a tout l'univers de cette «fille de gang». Enfant unique, elle a grandi dans un foyer où son père, chef syndicaliste, avait le sens de l'entraide. «Chez nous, il y avait toujours du monde à table, se souvient-elle. Quand quelqu'un était mal pris, on le gardait pour la nuit.» À 43 ans, c'est ainsi que Chantal mène sa barque. Volontaire, déterminée, énergique, dynamique et toujours prête à rendre les autres heureux. Mais là, c'est elle qui avait besoin d'aide. Des gens de l'industrie m'ont offert leur soutien.» Une chaîne humaine s'est formée pour l'aider. La conceptrice de
Donnez au suivant
venait de prendre la juste mesure du mouvement qu'elle avait elle-même amorcé.