Dominique Bertrand - Un témoignage, un message
Je souhaitais également parler du deuil, mais de façon plus intime que je ne l'avais déjà fait.
J'ai retranscrit une partie du journal que j'ai rédigé à la suite de la mort subite de mon conjoint. Je tenais à ce que les gens comprennent la détresse innommable d'une personne endeuillée. C'est terrible. J'étais comme suspendue, il n'y avait plus de plancher en dessous. Mais j'ai remonté la pente. Il me fallait raconter qu'un jour les choses changent... et pour le mieux. La preuve: j'ai ensuite rencontré un homme extraordinaire.
Enfin, je désirais parler du don. Au cours de ma vie, chaque fois que j'étais au plus mal, rien ne m'a plus aidée que donner, même quand je n'avais rien. Donner, ça ne signifie pas nécessairement offrir de l'argent ou beaucoup de temps. C'est, par exemple, dire bonjour ou engager la conversation avec une personne qui a l'air plus mal en point que soi. Sentir qu'on aide quelqu'un, ça requinque. En donnant, on se remet dans le courant de la vie et on retrouve sa dignité.
Faut-il forcément souffrir pour évoluer?
J'aimerais pouvoir répondre non, mais ma propre expérience me démontre que c'est généralement à travers la souffrance qu'on évolue. Le changement naît du besoin: c'est à partir du moment où tu n'en peux plus que tu changes. Tout le monde a son lot d'épreuves. Certains en tirent quelque chose; d'autres, rien. Ça exige de la volonté de toujours se demander ce qu'on peut apprendre de nos difficultés, de nos erreurs. Et, surtout, comment faire autrement.
Car il y a une nuance entre la prise de conscience et le changement. On peut savoir certaines choses, sans pour autant agir différemment. J'ai fait ça pendant des années. La thérapie m'aidait à voir mes problèmes, mais je n'adoptais pas le comportement requis pour changer la donne. Jusqu'à ce que ça devienne assez douloureux pour que j'agisse.