Dominique Bertrand - Le mystère de la foi
Vous dites avoir été touchée par la foi. Est-ce tabou d'en parler?
Je ne claironne pas ma foi.
Je ne prêcherai jamais, je n'essaierai jamais de convaincre qui que ce soit et je ne crois pas que les athées ou les gens d'une autre allégeance religieuse sont dans le mauvais chemin, mais si on me parle de ma foi, je réponds. Ça fait partie de moi.
C'est peut-être tabou pour certaines personnes de ma génération parce que l'expérience qu'on a eue de la religion dans notre enfance était très gnangnan. Je crois que l'Homme, avec un grand H, espère toujours être complètement maître de sa vie. Lorsque quelqu'un admet ne pas être à ce point maître de son existence, c'est souvent perçu comme une faiblesse. Comme s'il s'en remettait à une force supérieure au lieu d'assumer pleinement sa vie.
En ce qui me concerne, ma foi repose sur le mystère. J'ai cessé d'essayer de comprendre bien des choses parce que je réalise que ça fait partie du mystère. Les gens se demandent comment on peut croire en Dieu avec la catastrophe épouvantable qui s'est produite en janvier dernier à Haïti. Mais Dieu n'est pas un premier ministre! C'est une référence spirituelle bien au delà de notre condition humaine. Je suis convaincue qu'il y a un sens à la vie en général, qui m'échappe pour l'instant. J'y crois fermement, tout en étant dans la brume. J'accepte la notion de mystère.
À partir du moment où tu sais qu'il y a une vie après la mort, ta façon de vivre n'est plus la même. Personnellement, ça m'a rendue encore plus sensible à la misère humaine. Et, à cause du deuil qui m'a frappée, à la douleur des autres qui ont perdu un être cher. Je pense avoir acquis un plus grand sens du bien et du mal, pas en termes de péché, mais d'humanité. Ça m'oblige à être plus proche de mon cœur. Et il me faut agir en conséquence. Par exemple, si j'ai manqué de générosité, le soir en faisant mon bilan, je réalise que j'ai raté mon coup.