Dysphasie : un trouble neurologique
Neuf heures du matin pile-poil, j'arrive devant une coquette maison de Brossard, en banlieue de Montréal.
Des filles et des garçons âgés de trois ou quatre ans se dirigent vers le sous-sol, qui avec aplomb, qui avec hésitation. Julie Juneau, leur gentille enseignante, les attend en souriant. Comme la classe va bientôt commencer, les parents s'en vont. Mais certains tardent à partir...
À l'étage, alors que la porte de l'Académie se referme derrière eux, Nathalie Vincent m'explique que les parents de sa prématernelle ont tendance à être surprotecteurs. Je suis sensible à leur appréhension. Ce n'est déjà pas facile pour un papa ou une maman de laisser son petit dans une garderie, imaginez lorsque ce dernier est incapable de se faire comprendre.
En effet, les élèves de cette école bien particulière souffrent de dysphasie, un trouble neurologique qui perturbe le développement de la parole, du langage et de la compréhension. Nathalie en connaît long sur le sujet puisque deux de ses trois enfants, Laurence et Olivier, respectivement âgés de 12 et 8 ans, vivent avec ce handicap («Que je déteste ce mot!» s'exclame-t-elle).
Deux sur trois? Cela demande sans doute beaucoup de courage et d'abnégation pour combler tous leurs besoins. «Je pense que rien n'arrive pour rien. Si je les ai eus, c'est parce que j'étais capable de m'en occuper et d'obtenir des résultats.» À l'écouter me raconter son histoire et celle de son école, je n'ai aucune peine à le croire.
Amour et persévérance
Lorsque Nathalie regarde Laurence et Olivier, elle a l'impression de revoir l'élève qu'elle était autrefois. Car si elle adorait aller en classe, elle devait aussi affronter un obstacle de taille: son incapacité à lire correctement. Il lui était difficile de comprendre une phrase dans sa totalité, elle devait la décoder mot par mot. C'était devenu une véritable hantise. D'autant plus qu'elle est issue d'une famille où études et carrière vont de soi.