Des situations embêtantes
En sortant du salon de coiffure l'autre jour, je me suis sentie totalement inadéquate, et pas seulement parce que mes cheveux dégoulinaient encore (une panne d'électricité ayant empêché toute mise en plis). Adieu, bienfaits du massage capillaire et du cappuccino chocolaté! Au moment de laisser le pourboire, j'ai « choké » comme une athlète en pleine compétition. Combien et à qui dois-je en donner? J'ai quitté le salon confuse, une fois de plus, après avoir remis l'argent à la réceptionniste, lui demandant de le distribuer équitablement. Or, ce n'était pas assez... je l'ai bien vu dans ses yeux.
Question pourboire, je ne sais plus où donner de la tête. Les petits pots affichant la mention « Tips /Pourboires» avec un bonhomme sourire semblent proliférer comme des rats dans les égouts. On les retrouve dans les endroits les plus saugrenus: du café à la buanderie, en passant par les dépanneurs. «Il y a même un contenant marqué "Merci/ Thank you " à la cafétéria!» s'insurge mon amie Carole, qui avoue être excédée par cette sollicitation.
«C'est une véritable épidémie!» lance Denise Bisson, propriétaire du Remarquable, une entreprise de Québec spécialisée en étiquette. Et au sujet du pourboire, la confusion est totale. Par exemple, pourquoi en donne-t-on à sa massothérapeute et pas à son hygiéniste dentaire? La première nous tripote les muscles sur fond de musique nouvel âge, tandis que la seconde torture nos gencives en faisant grincer sa ponceuse... D'accord, l'une est moins relaxante que l'autre, mais toutes les deux s'occupent de notre corps, non? «Notre vieux fond judéo-chrétien fait qu'on se sent coupable de se gâter, les femmes surtout, croit M me Bisson. Alors quand un soin nous procure du plaisir, on s'imagine qu'il faut payer...»
Pourtant, selon les règles internationales du pourboire - et elles existent, insiste Denise Bisson -, on ne devrait pas donner plus à sa massothérapeute qu'à son psy ou à son garagiste. Pour Jocelyna Dubuc, la PDG du Spa Eastman, ces règles sont claires, mais pas toujours pour ses clients, notamment américains, des «tippeux» compulsifs. «Nos esthéticiennes et nos massothérapeutes sont très bien payés, explique-t-elle. Ce sont des professionnels. Mais si j'interdis les pourboires, certains clients seront offusqués.»