Quitter la finance mais pour quoi faire?
Est-elle arrivée ou pas? Dans un café bondé, il est toujours amusant d'essayer de deviner qui est la personne inconnue à qui on a donné rendez-vous. Mon instinct me dit qu'aucune des femmes croisées depuis mon arrivée ne répond au nom de Frédérique Fève. Quand on a le courage de s'expatrier à 39 ans, puis d'abandonner le lucratif domaine des finances pour se lancer dans la déco, on meuble forcément l'espace différemment.
J'en ai d'ailleurs la confirmation dès l'instant où cette Française de 41 ans pousse la porte de l'établissement: elle affiche l'air déterminé de celles qui refusent de se fondre au mobilier et, en la regardant traverser la salle avec assurance pour venir vers moi, jamais on ne se douterait qu'elle a récemment été assise entre deux chaises...
Fini la Dépense d'énergie côté finances
Pendant que Frédérique Fève sirote son espresso allongé, je bois avidement ses paroles. J'apprends ainsi qu'elle a été conseillère financière dans plusieurs banques importantes (elle y a consacré près de 10 ans de sa vie), qu'elle aime bien changer de décor - ses parents l'ont habituée toute jeune à déménager de ville ou de région -, que le travail de son mari l'a amenée à vivre en Australie de 2000 à 2004, qu'elle a eu son troisième fils là-bas et que c'est en quittant ce pays où les kangourous sont monnaie courante qu'elle a constaté avoir perdu l'intérêt de s'investir de nouveau dans la finance.
«De retour en France après quelques années passées en marge du marché de l'emploi, j'ai réalisé que ce domaine-là n'était plus pour moi, qu'il ne me ressemblait pas, explique vivement Frédérique. Si je tenais vraiment à bifurquer vers autre chose, j'ai cependant très vite compris que ça n'allait pas être possible. En France, le contexte économique est plutôt stressant. On ne nous encourage pas à suivre des formations ou à créer notre propre entreprise, on ne peut donc pas
réorienter notre carrière
aussi facilement qu'on le voudrait. Alors si on est dans le domaine de la finance, on y reste...»