Perceptions et faits
C'était il y a quelques années déjà. Je travaillais pour une firme en pleine croissance. Après avoir acheté l'entreprise d'un compétiteur, la direction a décidé de réunir les employés des deux compagnies sous un même toit. Bienvenus nouveaux collègues et... nouveaux gestionnaires. Trois hommes et deux femmes formaient désormais l'équipe de direction.
Bien que la plupart de mes fonctions relevaient d'un patron aux chromosomes XY, j'étais de temps à autres appelée à travailler sous les ordres d'une des deux dirigeantes. Quel changement! Mon patron avait l'habitude de discuter de la pluie et du beau temps avec moi, de s'informer des aléas de ma vie, de l'état de mon moral. Nous parlions boulot, mais rien n'empêchait d'échanger des
recettes de cuisine
à l'occasion! Ma nouvelle patronne, elle, n'était apparemment pas friande de petits secrets culinaires. Dans son bureau, pas question de faire du fla-fla. Les conversations portaient sur le travail et ne s'éternisaient jamais.
La gestion: une affaire unisexe
Selon Lyse Langlois, professeure à l'Université Laval en relations industrielles, le sexe d'un patron n'influence pas son style de gestion. Les années d'expérience et la culture de l'entreprise pèsent plus lourd dans la balance que les chromosomes. Avec sa collègue Claire Lapointe, professeure en gestion de l'éducation à la même université, elle a piloté une étude dont les résultats vont à contre-courant des idées reçues. «Les recherches américaines des années 1980 et 1990 démontraient une grande différence et des caractéristiques propres aux hommes et aux femmes dans la manière de diriger. Nous sommes arrivées à des résultats tout autre», précise Lyse Langlois.