Départ pour un voyage de rêve
C'était un soir de novembre comme on aime les détester. Une pluie glaciale, une noirceur sans neige pour la pâlir et une humidité à transpercer un mur de béton. Ce soir-là s'est imposée à moi une idée qui me traversait vaguement l'esprit depuis quelques années. Nous étions attablés. J'ai dit à mon mari: «Et si on allait en Polynésie française: Bora Bora, Tahiti et toutes ces autres îles dont on ignore le nom. Qu'en penses-tu»? Jim n'a jamais l'air surpris de
mes propositions de voyage
. Alors, il a souri. «C'est une bonne idée», a-t-il répondu, sachant qu'on était déjà partis.
On s'est installés devant l'ordi pour rêver virtuellement avant de rêver sur place. En deux jours, tout était réglé pour notre énième voyage de noces. Car depuis notre mariage il y a sept ans, chacune de nos escapades est à la hauteur de mes attentes matrimoniales.
Quelques mois plus tard, nous avons atterri à Papeete (sur l'île de Tahiti) vers quatre heures du matin. Prévenus que la ville avait peu d'attraits, on n'a pas été déçus. Jim m'a immédiatement entraînée au marché de poissons, bien que je redoutais des odeurs aussi fortes après une nuit en avion. Juste pour l'atmosphère colorée, ça valait le détour, pourvu qu'on se bouche le nez. Il m'a ensuite convaincue d'assister à la grand-messe dans la cathédrale. Celle-ci ressemble plutôt à la plus modeste des églises québécoises, mais j'avoue que ce fut le coup de foudre. Vachement couleur locale, comme on dit à Paris.
Quel dépaysement que ces femmes endimanchées en robe blanche et ces hommes (rares dans l'église) habillés «en propre», à l'opposé du relâchement vestimentaire si familier au Québec. Tous ces fidèles chantent comme des anges. Normal, direz-vous, car ils vivent au paradis. Papeete ne nous en offre qu'un avant-goût à cause de la vétusté de ses immeubles, mais Moorea, qu'on aperçoit de la côte, nous le fait deviner.