Séduction - Rien ne vas plus au Québec!
La rumeur court et s'amplifie!
Rien ne va plus sur la scène de la drague au Québec - mis à part quelques îlots urbains branchés.
Ce constat m'a frappée alors que je m'attablais dans un bar à tapas montréalais, un endroit qui invite pourtant aux rapprochements. Dans un coin, j'ai aperçu quelques groupes de femmes, leur sac à main serré tout contre elles. Dans l'autre angle du bistro, plusieurs hommes semblaient totalement absorbés dans la contemplation de leur iPhone. Entre les deux clans se dressait un mur invisible.
L'auteur Jean-Sébastien Marsan, cosignataire avec Emmanuelle Gril du percutant essai Les Québécois ne veulent plus draguer et encore moins séduire (Les Éditions de l'Homme), lance à cet égard un vrai cri du coeur: «Les gais sont fiers de l'être et ont l'air d'avoir du fun, alors que la morosité règne du côté hétéro. Faudrait-il organiser un défilé de la fierté hétéro pour que les relations homme-femme redeviennent tendance?»
En dépit de la récente multiplication des sites de rencontres, des salles d'entraînement mixtes et des voyages ou loisirs pour personnes seules, l'art de séduire - du moins au Québec - semble s'être perdu quelque part à la fin du siècle dernier. La preuve? Des «ateliers de séduction » apparaissent un peu partout dans la Belle Province. Dans le même ordre d'idées, afin de répondre aux questions que lui posent de nombreux célibataires désemparés, Michel Dorais, sociologue de la sexualité, vient tout juste de publier un Petit traité de l'érotisme (VLB Éditeur).
Les Québécois plus respectueux envers les femmes?
Pour Élise Bourque, sexologue clinicienne et psychothérapeute, le Québécois a les défauts de ses qualités. Elle a notamment pu le constater en comparant l'attitude typique des mâles d'ici avec ceux de la mère patrie. «Quand je vais en France, dit-elle, je déteste me faire siffler. Là-bas, j'ai l'impression d'être un morceau de viande! Dans le monde occidental, le Québec est à mon avis l'endroit où les hommes ont le mieux intégré la notion d'égalité entre les sexes.
Par conséquent, quand ils sont attirés par une femme, il leur semble normal de ne pas devoir automatiquement faire les premiers pas.» Bref, il serait un peu paradoxal pour nous de réclamer à la fois des rapports égalitaires et un retour à l'homme-chasseur, de vouloir le beurre et l'argent du beurre.