Séduction - Les Québécoises contrôlantes?
Les Québécoises contrôlantes?
Je pense ici à ma copine Marie, 46 ans, qui a mis fin en 2002 à sa relation amoureuse après 14 ans de vie commune.
Depuis, elle a rencontré une dizaine de soupirants. «Je voulais trouver un homme ayant le même bagage culturel et les mêmes goûts que moi, dit-elle. Pendant quelques semaines, j'ai fréquenté un gars que je connaissais de vue: j'avais déjà aperçu sa photo sur le site de rencontres Réseau Contact et son fils allait à la même école que le mien. Toutes les conditions étaient réunies pour que ça fonctionne entre nous: on avait plein de points communs et j'avais un gros béguin pour lui. Mais dès que j'ai manifesté l'envie de le voir plus souvent, j'ai senti un recul de sa part. M'a-t-il trouvée envahissante? Chose certaine, je me suis vite rendu compte qu'il avait remis sa photo en ligne...»
Ce genre de désillusion est un constat qu'Élise Bourque fait souvent en thérapie. «Les hommes ont peur de se faire contrôler, remarque la sexologue. Parfois avec raison: les Québécoises sont des femmes de caractère et il y a pas mal de "Germaines" dans le lot! Elles veulent aller vite, s'engager rapidement, oubliant que la séduction est un jeu. Et que l'amour met du temps à naître. Les hommes préfèrent alors fuir sans un mot pour ne pas faire de peine. Et, bien sûr, ils en font quand même.»
Ce qui désole Marie dans sa dernière mésaventure, c'est qu'elle n'a pas vraiment pu tenter sa chance. «Il y a 15 ans, une relation comme celle-là n'aurait peut-être pas duré toujours... mais au moins une année! Aujourd'hui, ça va si vite qu'il y a une sorte de violence dans la conclusion des rapports. Après un mois de fréquentation, on passe déjà à un autre appel.»
Sous-doués, les Québécois?
Les auteurs Jean-Sébastien Marsan et Emmanuelle Gril - qui ont déjà formé un couple dans la vie - estiment qu'il y a actuellement une «crise de la rencontre» au Québec. «Les gens ne vont plus les uns vers les autres et c'est d'une grande tristesse», affirment-ils. Dans leur essai publié l'automne dernier*, ils pointent les causes psychologiques, sociales, culturelles et même historiques (l'incontournable quête identitaire) du phénomène, tentant d'expliquer pourquoi «ça coince» entre les deux sexes.