Démodée? Dépassée? Petit guide antiringardise... Prise II

Évitez la confrontation directe
Est-ce parce qu'on évolue dans un univers de petits cubicules silencieux?

Peut-être, mais chose certaine, le fait d'avoir une altercation - avec cris, menaces, aveux et larmes - est devenu totalement ringard. De nos jours, si un jeune vous trouve rasoir et veut se débarrasser de vous, il arrête simplement de vous rappeler.
Il peut aussi vous supprimer de sa liste d'amis sur Facebook. Et si vous le mettez vraiment en colère, il bloguera à votre sujet ou enverra d'embarrassantes photos de vous à tous ses copains avec son téléphone cellulaire.

Un problème ? Lis tes mails
Alors, si vous avez un problème avec un jeune adulte et que vous ressentez le besoin pressant de lui en parler, faites-le électroniquement, en mode passif-agressif ou, mieux encore, passif-passif. Dites que vous avez des «questions» sur la «situation». Ou transmettez plutôt le message suivant: «Je me demande si tu n'aurais pas des questions sur notre situation?» (Une formulation sous forme d'interrogation est toujours gagnante.) Si l'autre répond, prenez au moins deux fois plus de temps que lui à répliquer. Puis, ne dites plus rien jusqu'à ce que le problème disparaisse de lui-même... ou que la personne concernée déménage à Tombouctou.

Débroussaillez la zone
Vous aurez beau avoir été refaite de la tête aux pieds, être «botoxée» et «restylanée » au point d'être lisse comme un ballon gonflé à bloc, ou encore «liposucée » jusqu'à ce que votre abdomen adhère à votre colonne vertébrale...

Si vous ne débroussaillez pas votre toison pubienne, quiconque vous apercevra dans votre plus simple appareil (incluant toute la clientèle du vestiaire, au gym) saura instantanément que vous n'êtes pas née de la dernière pluie.

Sacrés poils
Épiler ou pas cette zone sensible représente aujourd'hui une des différences majeures entre femmes jeunes et plus âgées. Notre génération vient d'une époque où l'épilation - là, en bas - était sacrilège. Et même quand on a un jour envisagé de procéder - en guise de surprise à Chéri pour son anniversaire -, on était terriblement nerveuses. On avait vu le film The 40-Year-Old Virgin et on savait que ça allait faire mal... sans parler des maladies qu'on aurait pu attraper! Mais n'ayons pas peur, ce n'est pas si terrible. Et l'option inverse est bien pire: avoir l'air vieille en bas de la ceinture.

Arrêtez de fumer du pot
Le problème n'est pas exactement que vous fumiez de la marijuana. En fait, si vous savez où en trouver, merci de me le laisser savoir. Non, le problème est plutôt d'appeler ça du «pot». Le pot, c'est un terme de vieux hippies, celui qu'on utilisait quand on en fumait tous les jours. Aujourd'hui, les jeunes appellent ça de «l'herbe»... Il me semble

Évitez les conseils parentaux
Parce qu'on est déjà passées par là, on a l'impression que les jeunes parents ont besoin de nos précieux conseils sur l'art de s'y prendre avec les vomissures de bébé, les catastrophiques notes en histoire de Junior ou ses transgressions du couvre-feu.

Or, ils n'en veulent pas.

Arrêtez les conseils, ils n'en veulent pas
Les jeunes parents n'ont aucune envie que vous leur suggériez de choisir pour leur bambin un prénom «normal» comme William plutôt qu'une bizarrerie comme Wylie ou Wyoming. Pas plus qu'ils ne veulent vous entendre dire que la garderie n'est pas appropriée pour un enfant malade - et qu'un enfant tombe tout le temps malade à la garderie. Ils aiment encore moins se faire dire qu'ils devraient s'impliquer davantage dans leur carrière et leur couple que dans l'éducation de leur rejeton.

Taisez-vous...
Les jeunes parents n'ont pas besoin de notre aide parce qu'ils sont persuadés que, pour eux, tout sera différent. Ils ne se mettront pas à engraisser ou à déprimer en restant à la maison avec Bébé, ils ne se disputeront jamais devant leurs enfants et ils n'auront pas à constater beaucoup trop tard qu'ils ont fait des erreurs en les élevant. Parce que leurs enfants, contrairement aux nôtres, feront toujours leurs devoirs et ne refuseront jamais la requête d'amitié de leur mère sur Facebook.

...et mêlez-vous de vos oignons !
Et si vous et moi continuons d'insister avec nos conseils, nous finirons par devenir des grands-mères envahissantes qui devraient apprendre à se mêler de leurs oignons.

La solution? Se taire! Zip! Zip! Zip! Ça ne nous fera pas de tort. Et si, au bout du compte, ces jeunes commettent des tas d'erreurs qu'on aurait pu leur éviter, eh bien... on pourrait, à tout le moins, en retirer un certain plaisir, non?

Fini les rôtis!
C'est une règle tacite universellement admise: personne ne sait comment réussir un rôti avant d'avoir 40 ans. Et, surtout, personne ne veut le savoir avant cet âge-là. Car faire cuire un rôti symbolise nos dimanches d'enfant, les soupers en famille et les restes qui traînent au frigo jusqu'à ce qu'ils deviennent gris. Et puis, faire cuire un rôti, c'est la job de maman, pas la nôtre! Sauf que, à un moment donné, la plupart d'entre nous réalisent qu'un rôti, ce n'est pas seulement délicieux et nourrissant, mais sans doute aussi un des mets les plus faciles à cuisiner.

Huit invités à souper? Douze pour Noël? Soixante pour un mégaparty? Tout ce que ça prend, c'est un thermomètre à viande et une grosse pièce de boeuf, de porc ou d'agneau... et le repas est prêt! Il y a fort à parier que vos plus jeunes convives seront reconnaissants, voire admiratifs, que vous leur ayez préparé cette magnifique pièce d'animal rôti. Mais ils ne vous respecteront pas pour autant. Ils vous imagineront plutôt vêtue d'un tablier, le chignon décoiffé, le nez rougi par la chaleur du four et les lunettes tachées de jus de viande...

Dégagez! Circulez!
Chaque fois que je me retrouve derrière une matrone aux hanches plantureuses au supermarché, je ressens comme un frisson d'âgisme me parcourir l'échine.

«Pour l'amour du ciel, me dis-je, cette personne n'est décidément plus dans le coup!» Tandis que moi, dans la fleur de l'âge, je manoeuvre mon panier d'épicerie avec agilité, saisissant adroitement les produits sur la plus haute ou la plus basse des étagères pour compléter mes achats en un temps record.

Réveillez-vous !
Oups! Excusez-moi, je ne vous avais pas vue. J'imagine que j'étais perdue dans mes pensées, sans trop savoir ce que j'étais venue faire dans cette allée. Ça me revient, maintenant: je cherchais le mélange à crêpes et je ne le trouvais pas. Ah, le voilà! Que je suis stupide, c'est la grosse boîte rouge et jaune, juste sous mes yeux. Je suis désolée, j'étais  tellement absorbée par ma recherche que je ne vous ai pas entendue arriver derrière moi. Et tout à coup, c'est moi la vieille, l'espèce de fossile qui ne peut voir, entendre, bouger ou même penser assez vite pour se rendre compte qu'elle bloque l'allée. La solution? Les courses en ligne, j'imagine!

Source:
Extrait de How Not to Act Old , initialement publié en 2009 par HarperCollins USA. Réimprimé avec l'autorisation de Pamela Redmond Satran, chez Curtis Brown Group Ltd. Copyright © 2009 par Pamela Redmond Satran.

Vous avez aimé cet article?Ne manquez pas de lire Démodée? Dépassée? Petit guide antiringardise prise I. On y traite, entre autres, d'autres gestes ringards à ne pas poser au bureau!

La version longue de cet article a été publiée dans le numéro d'avril 2010 du magazine Vita .

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