La reconstruction mammaire expliquée
La reconstruction mammaire expliquée
Si certaines femmes ont recours à la reconstruction mammaire le jour même de l'ablation, d'autres doivent attendre que le cancer soit contrôlé (par des traitements de chimiothérapie ou de radiothérapie), alors que certaines patientes ne peuvent s'en prévaloir à cause de l'étendue de la maladie.
Chirurgien plasticien et esthétique à l'Hôpital Notre-Dame du CHUM, le D r Juan Carlos Cordoba explique la méthode d'intervention: «On utilise soit des prothèses (enveloppes de silicone contenant une solution saline ou du gel de silicone), soit des tissus de la patiente - on parle alors de reconstruction autogène ou par lambeau.» Le D r Cordoba ne travaille qu'avec des implants remplis de gel de silicone qui, selon lui, donnent une plus belle forme au sein. «Il y a toujours des risques de rupture, mais ces prothèses sont moins fragiles qu'avant. Et le silicone est de meilleure qualité.»
Que la reconstruction soit immédiate ou différée, la procédure est la même. «S'il reste assez de peau après l'ablation pour recouvrir la prothèse, on la pose immédiatement, ajoute le plasticien. Par contre, si l'enveloppe de peau n'est pas suffisante [comme dans le cas de Céline*], on insère un extenseur qu'on gonflera par la suite d'eau salée une fois par semaine - la peau du sein s'étire alors comme celle du ventre pendant la grossesse - jusqu'à ce que le tissu puisse recevoir la prothèse.» Pour plus de symétrie, il arrive qu'on procède simultanément au redrapage du sein non atteint. Certaines femmes en profitent pour obtenir du même coup une réduction ou une augmentation mammaire. Ces interventions peuvent se faire en chirurgie d'un jour et exigent deux ou trois semaines de convalescence.
Rarement préservé lors de la mastectomie, le mamelon peut être refaçonné par greffe de peau prélevée dans le pli de l'aine (ou près de la grande lèvre pour l'aréole) ou sur l'autre mamelon. «Certains le font en même temps que la reconstruction mammaire, dit le D r Cordoba, mais je préfère attendre que le sein ait repris sa forme avant de procéder.»
Pour la reconstruction autogène ou par lambeau, le chirurgien prélève du tissu (peau, gras et muscle ou peau et gras seulement) du bas du ventre, des fesses, des cuisses ou du dos pour refaire le sein. Il faut alors prévoir une hospitalisation de 5 à 7 jours, et une convalescence de 6 à 10 semaines.
Auparavant en faveur de la reconstruction immédiate, le D r Cordoba constate que les femmes qui vivent un temps avec leur mastectomie apprécient davantage le résultat final. «Celles qui reçoivent un implant tout de suite après l'opération sont rarement satisfaites parce que leur poitrine n'est pas comme avant. Elles n'ont pas vécu le deuil de l'ablation.»
Info: Association des spécialistes en chirurgie plastique et esthétique du Québec ; Société canadienne des chirurgiens plasticiens.
Une bédé réconfortante
Illustratrice pour The New Yorker et Glamour , Marisa Acocella Marchetto est au sommet de sa carrière et vient de rencontrer l'homme de sa vie quand elle apprend, à 43 ans, qu'elle a un cancer du sein. Avec un humour décapant et une grande tendresse, cette fashionista avouée raconte dans Cancer and the City (éd. L'Iconoclaste) ses 11 mois de combat, puis sa victoire contre la maladie. Une bédé poignante, délirante, drôlement tonique et... combien inspirante!
La version originale de cet article a été publiée dans l'édition d'automne 2008 du magazine Vita .