S'adapter à un nouveau sein
S'adapter à un nouveau sein
C'est au retour que j'ai vraiment vécu un deuil. Je n'étais plus au centre de l'attention médicale. Je me retrouvais seule avec un corps que je ne reconnaissais pas. Avec un sein en moins, c'est très difficile de se regarder dans le miroir. Le manque est flagrant. En perdant mon sein, j'ai eu l'impression de dire adieu à ma jeunesse. «Il nous en reste au moins un! Après tout, un cornet à une boule, c'est bon aussi!» s'est exclamé François pour me consoler. En fait, ça m'aidait de savoir que la situation était temporaire. Et comme j'ai une petite poitrine, ça ne paraissait pas trop.
Une fois que tout a été bien cicatrisé, le D r Cordoba a commencé les injections de solution saline. D'une semaine à l'autre, la peau se tendait doucement. Mon sein regagnait du volume. Je me sentais de mieux en mieux. À Noël, j'avais une nouvelle «boule»! Mon chirurgien a alors pu remplacer la prothèse d'expansion par l'implant de silicone.
Quelques jours plus tard, on enlevait le pansement. Selon ma chirurgienne-oncologue, l'intervention était très réussie! Cela dit, je n'ai pas voulu qu'on refasse le mamelon. Il aurait fallu prélever un bout de l'autre, et ça, il n'en était pas question. Je tenais à garder mon sein droit intact! J'aurais aussi pu opter pour un tatouage imitant le mamelon, mais comme c'est purement esthétique, je n'en voyais pas l'intérêt. Et puis, je commençais à en avoir assez des chirurgies. Si on m'avait dit que mon mamelon serait sensible de nouveau, je l'aurais fait. Car le plus dur, ç'a été de perdre la sensibilité de mon sein. C'était là mon vrai deuil, celui de François aussi. En fait, mon sein nous manque encore... Quand j'ai appris que j'avais le cancer, j'ai eu plus peur que quelque chose se brise entre nous deux que de mourir. François, c'est l'homme de ma vie. On est ensemble depuis 28 ans. Comment allait-il réagir devant ma maladie? Et si mon sein lui manquait à un point tel qu'il finisse par aller voir ailleurs?
Tout ça me préoccupait. Mais François s'est montré si délicat, si attentif! Il faisait des recherches sur Internet, se documentait sur le cancer. Moi, j'avais beau lire, je ne comprenais rien. Quand le médecin me parlait, je ne saisissais pas tout; j'étais parfois si stressée que j'en oubliais mes questions. Il fallait que quelqu'un soit là avec moi. Et François m'a toujours accompagnée, encouragée. Il restait rationnel, m'expliquant ce que je n'avais pas saisi. Son aide m'a été très précieuse.
Je suis très contente d'avoir opté pour la reconstruction mammaire. Je ne pense pas le regretter, même s'il faut changer l'implant au bout de 10 ans. J'aime mieux un faux sein que rien du tout! Ça m'a permis de retrouver mon image corporelle, mon identité féminine. Et je me porte à merveille!
* Nom fictif à la demande de l'auteure du témoignage.