Femme de projet
Je file en voiture en direction de Mascouche. J'ai rendez-vous avec Michèle Antonuk, une ex-thérapeute sportive devenue programmeuse-analyste, puis femme de chantier. J'avoue que j'ai la trouille. Elle me causera sans doute bois de charpente et ponceuse à ruban, ce qui pour moi équivaudra à du mandarin. (Demandez à mes cousins germains, constructeurs de maisons, si je comprends quelque chose à la réno; ils vous répondront par un grand éclat de rire.)
Une heure après avoir quitté Montréal, j'arrive devant une maison à deux étages vert sauge bordé d'une galerie d'un blanc immaculé qui tranche sur un océan de maisons identiques. Je dis bien sa maison parce que la propriétaire l'a construite de ses propres mains... et de fond en comble. Tout en admirant le chef-d'œuvre, je me demande de quoi peut avoir l'air une femme capable d'une telle prouesse.
Quand Michèle se présente à la porte pour répondre à mon coup de sonnette, je suis médusée. Coupe de cheveux très tendance, allure athlétique et féline, nez fin et pommettes saillantes, Michèle est loin de la «gère-mène» intimidante que j'imaginais.
La visite de la maison m'en dit long sur les connaissances de la dame en matière de matériaux. Cette chef de famille monoparentale me confie qu'elle n'est pas peu fière d'avoir elle-même bâti son nid, et ce, dans un temps record. «Deux mois après l'excavation, on emménageait!» Sa pièce favorite? «En réalité, c'est tout le rez-de-chaussée», répond-elle, contente d'avoir opté pour des planchers de bois huilés, plus résistants aux griffes de son chien, Gibson. Son dada? «La menuiserie. Pour moi, c'est aussi facile que le tricot!»
Plus étonnant encore, Michèle a érigé deux résidences (quelques années auparavant, elle avait en effet assemblé une maison préfabriquée sur le terrain voisin) avant même de décrocher sa licence d’entrepreneure générale!