Femmes et argent: un rapport difficile
La pièce s'étant coincée dans ma gorge (Maman, tu aurais dû m'acheter des Chiclets!), je l'ai recrachée après avoir été secouée comme un prunier, la tête en bas, dans un moment de grande confusion familiale. C'est mon plus ancien souvenir relié à l'argent.
D'un point de vue freudien, cette première - et traumatisante - expérience a teinté à jamais ma relation avec l'argent, désormais associé à des sensations aussi peu agréables que l'asphyxie, l'étranglement, la panique... Même s'il ne menace pas ainsi la vie de toutes les femmes, la majorité d'entre elles entretiennent avec lui des relations tout aussi troubles que la mienne.
Elles se soucient davantage de leurs plantes vertes que de leur fric, se désole Suze Orman, la gourou américaine des finances personnelles, dans son dernier essai Les femmes & l'argen t (Les Intouchables, 2007).
«En fait, elles ne sont pas intéressées par l'argent», dit la notaire Denise Archambault, qui reçoit des femmes chaque semaine dans son bureau montréalais pour les conseiller, avant qu'elles signent quoi que ce soit, sur le partage du patrimoine, les REER, les hypothèques et autres «horreurs» du genre. Me Archambault avoue avoir du mal à faire assoir ses clientes. «Elles ont tellement hâte qu'on arrête de parler de ça!» Pour les femmes, ajoute-t-elle, l'argent est sale, laid, infect.
Certes, nous aimons toutes ce que l'argent nous procure... mais nous détestons l'exercice qui consiste à le faire fructifier.